
100% végé pour nourrir ses festivaliers, Climax a voulu démontrer via ses conférences pourquoi la survie de l’humanité passe par une alimentation moins carnée. Explications.
Pesticides, plastiques, OGM, perturbateurs endocriniens, huile de palme… La malbouffe a bien sûr une place de choix au menu des trois jours conférences de Climax, dont le fil rouge était cette année la transition alimentaire. Deux sessions ont notamment permis de débattre d’un sujet rarement traité ailleurs, tant il suscite de crispations au pays de la poule au pot du dimanche : faut-il devenir végétarien pour sauver la planète ?
Même un éleveur, Laurent Tite, dont la Ferme des Jarouilles, à Coutras, alimente nombre d’enseignes bio girondines Gironde, l’avoue :
« J’ai arrêté pendant un an ou deux de manger de la viande, mais c’était compliqué à la maison… On en a en permanence, et c’est quasi obligatoire dans les fêtes de famille. » (...)
tous les intervenants partagent ce point de vue : il faut sortir de l’agriculture industrielle, et ralentir pour cela sa consommation de bidoche.
Prendre les cochons pour des requins
C’est une question d’éthique – 65 milliards d’animaux tués dans le monde chaque année, soit 2000 par seconde, et 1,1 milliard en France -, de bien-être animal, en raison des conditions déplorables d’élevage (80% des bêtes ne voient jamais le jour) et d’abattage, régulièrement dénoncées par L214. Mais aussi purement et simplement de survie des espèces vivantes actuelles, y compris l’Homme.
La sixième extinction des espèces est en effet due entre autres au changement climatique, dont l’élevage est l’un des principaux responsables (...)
« L’effondrement des pêcheries est annoncé d’ici 2048, c’est à dire que demain, c’est la fin des océans. Or avant d’être une source de protéines, les poissons sont les ouvriers essentiels de la machine océan, souvent appelé le poumon bleu de la planète, avec le poumon vert que sont les forêts, car c’est un régulateur essentiel du climat. »
Sea Shepherd mène donc des actions pour alerter l’opinion sur la surpêche, à coup de vidéos chocs filmées depuis un navire, le Bob Barker, qui sera à Bordeaux, et pourra être visité, le 14 octobre prochain. Au large du Gabon, l’ONG de Paul Watson (un des fondateurs de Greenpeace) a ainsi filmé le massacre inutile de centaines d’animaux, dont des requins en voie de disparition, lors d’une campagne de pêche de thon albarore au large du Gabon. (...)
Pour l’agronome Philippe Pointereau, directeur de Solagro, les consommateurs de produits bio sont « le prototype du consommateur de demain » :
« Ils mangent 20 à 40% de viande en moins qu’un consommateur lambda. Ça montre que c’est faisable, et d’ailleurs, les nouvelles recommandations du plan nutrition santé vont dans le même sens, en préconisant par exemple de se limiter à 50 grammes de viande rouge, de faire attention aux poissons, de consommer 2 légumineuses par semaine ou encore de passer de 3 à 2 produits laitiers par jour. Il suffirait d’appliquer rapidement cette nouvelle feuille de route (passer de 3 à 2 produits laitiers). «
Seul « point négatif » de ce régime souligné par l’étude NutriNet Santé, un travail mené par Solagro : « Un repas coûte 1,80 euro de plus car il rémunère mieux les paysans, poursuit Philippe Pointereau. Mais c’est sans prendre en compte les externalité positives : le taux d’obésité et de surpoids chute de 50%, ce qui est énorme . »
Un steak = 70 kilomètres en voitures (...)
les ONG représentées à Climax comptent agir à l’occasion notamment des États Généraux de l’alimentation. Greenpeace cherche par exemple à obtenir la réduction de l’usage des protéines animales dans l’élevage, et un objectif d’un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires :
« La notion de gout est essentielle, et cela permettrait aux enfants qui n’auraient autrement pas fait ce choix de réaliser que les légumes, c’est bon, estime Laure Ducos. L’association légumineuse-céréale (riz et lentilles, par exemple) répond complètement aux besoins en acides aminés. »
L’ONG souhaiterait notamment pour cela que des représentants des associations de la société civile intègrent le GEMRCN (groupement d’étude des marchés en restauration collective et de nutrition), jugé noyauté par l’industrie de la viande, et dont les recommandations sur les quantités de protéines animales sont transposées par le ministère. (...)
« 10% de la population française souhaite devenir végétariens, mais c’est une autre paire de manche pour y arriver. Beaucoup de gens ne le sont pas restés pour des raisons de « comment » : ils ne savaient pas équilibrer les menus, cuisiner des légumes, ou vivaient mal les conséquences sur leur sociabilité. »
Cuisine hors sol
Et le constat est le même chez les pros : (...) "Car la formation des cuisiniers en France donne des cuisiniers hors sol, déconnectés des enjeux environnementaux, un peu comme on a des animaux hors sols. » (...)