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Cantine : « Nous sommes ce que nous mangeons… »
Article mis en ligne le 28 novembre 2014
dernière modification le 24 novembre 2014

La bouffe est un combat. Depuis septembre 2013, l’ancienne Kuizin, ce lieu associatif de la Belle de Mai (Marseille) tournant autour de pratiques culinaires en rupture, a été reprise en main par une nouvelle équipe, la Cantine du Midi. Si tu veux vivre libre, respecte l’aliment  ! (...)

À midi, du mardi au vendredi, la salle et ses deux longues tables sont prises d’assaut par une clientèle d’habitués, d’amis et de voisins qui vont chercher les plats au comptoir, à la limite symbolique qui, ailleurs, séparerait ceux qui mangent de ceux qui cuisinent. Pas ici  : la frontière, par volonté des permanents, est devenue poreuse. On passe vite, presque sans le vouloir, du statut de convive à celui de mirliton ou chef d’un jour. C’est le cas de Carolina  : « Je suis venue deux ou trois fois préparer des plats chiliens, mexicains. J’avais déjà travaillé en cuisine, mais le marché de la restauration m’a dégoûtée  : produits industriels, tarifs prohibitifs, conditions de travail dégueulasses, absence de contact autre que commercial avec le public… »

La Cantine fonctionne plus ou moins comme la Kuizin, dans le respect de l’expérience antérieure, mais la nouvelle équipe y a insufflé une atmosphère plus ouvertement méditerranéenne. « Le fait d’être des étrangers venus du Sud attire la curiosité, mais on ne pouvait pas en rester à cet attrait un peu exotique, constate Cosimo. La participation des habitués à la confection des menus a été une solution à ce petit problème. Ne pas être chez toi, ça t’oblige à t’ouvrir. Notre fonctionnement est familial, enraciné dans la culture de chacun. » En neuf mois, plus de cinquante personnes sont passées derrière le comptoir. (...)

« Mange, que tu fréquentes  ! [2]  » Il y a mille chemins pour accéder au saint des saints de la Cantine. Les ados Toni Merguez et Dounia le savent, eux qui s’y sont connus et ont vécu un flirt-éclair plein de rebondissements, en une seule semaine de stage ! « Les relations qui se tissent autour des marmites éveillent les sens, souligne Sonia d’un air complice. Les gens passent d’un côté à l’autre du comptoir et investissent la cuisine avec leurs recettes. Autour des fourneaux, s’ouvre un espace propice aux confidences, à la complicité. Nous aimons partager ce côté affectif, ça fait partie des plaisirs simples de la vie. » Des collaborations ponctuelles avec les associations comme les Nomades célestes ou l’Équitable café ont aussi permis d’ouvrir les portes à des populations très diverses, dont certaines dites « en difficulté ». « Nous sommes tous des cas sociaux à partir du moment où nous ne sommes pas satisfaits de l’existence que le système nous vend, clarifie Cosimo. Mais en prenant soin de mélanger des gens différents, nous évitons de nous laisser enfermer dans un rôle d’assistantes sociales. » (...)