
Le groupe AG2R La Mondiale est poursuivi par les liquidateurs judiciaires de Camaïeu et par deux cents ex-salariés pour avoir résilié leurs contrats de mutuelle dans la foulée de la fermeture de l’enseigne. Les licenciés ne peuvent donc pas bénéficier, comme prévu par la loi, du maintien gratuit de leurs garanties.
Rien ne leur aura été épargné. À peine licencié·es après la liquidation judiciaire de leur enseigne, les ex-salarié·es de Camaïeu se voient privé·es de la couverture mutuelle gratuite à laquelle chacun et chacune aurait dû prétendre pendant au moins un an.
C’est le principe de la portabilité, prévue par le code de la Sécurité sociale. Après une rupture de contrat (sauf pour faute lourde), un·e salarié·e peut en bénéficier, à condition de percevoir des allocations-chômage et d’avoir adhéré à la complémentaire santé de l’entreprise.
Or l’ensemble des contrats prévoyance et santé couvrant les ex-Camaïeu depuis 2021 ont été résiliés le 31 décembre 2022 à minuit, par AG2R La Mondiale. Selon le courrier que Mediapart a pu consulter, le groupe avait prévenu l’entreprise de cette « résiliation à l’échéance annuelle » le 20 octobre 2022, soit trois semaines après la liquidation judiciaire et la fermeture de tous les magasins. (...)
Pour ce motif, le groupe de protection sociale est poursuivi par les liquidateurs judiciaires de Camaïeu qui réclament le maintien, à titre gratuit, des garanties de frais de santé et de prévoyance pour les ex-employé·es. L’audience en référé s’est tenue, ce jeudi 5 janvier, devant le tribunal de commerce de Lille.
Plus de deux cents ex-salarié·es se joignent aux poursuites, via un procédé en « intervention volontaire », leur permettant d’être partie prenante du dossier. Leur avocat, Fiodor Rilov, également conseil de la CGT-Camaïeu, dénonce « une fraude à la loi », commise par AG2R La Mondiale. (...)
« La jurisprudence est unanime pour considérer que la portabilité n’est pas conditionnée par le paiement des cotisations d’assurance par l’employeur ou plus largement par une contrepartie financière quelconque ou par l’existence d’un dispositif de financement », y compris, affirme encore l’avocat, dans les cas d’une liquidation judiciaire.
Il demande donc au tribunal de condamner AG2R à garantir à titre gratuit la portabilité, sous astreinte de 5 000 euros par jour de retard à compter de la signification du jugement. Ce dernier a été mis en délibéré.