Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monde
CNews devra payer 200 000 euros d’amende après des propos d’Eric Zemmour contre les migrants
Article mis en ligne le 18 mars 2021

Sur le plateau de la chaîne d’info, il a qualifié les mineurs isolés de « voleurs » et d’« assassins ». Une « incitation à la haine » et « à la violence », selon le CSA.

Le 29 septembre 2020 dans l’émission Face à l’info sur CNews, les « limites à la liberté de communication et la liberté éditoriale des médias audiovisuels » ont été franchies. Ainsi en a jugé le Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui a prononcé, mercredi 17 mars 2021, une sanction de 200 000 euros à l’encontre de la chaîne d’info du groupe Canal+, qui s’apprête à la contester.

Ce jour-là Eric Zemmour avait estimé que les mineurs isolés étrangers n’avaient « rien à faire ici ». « Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer », avait déclaré le polémiste, sans que son assertion soit critiquée ou combattue de manière significative. C’est la première fois qu’une chaîne d’information continue fait l’objet d’une sanction pécuniaire de la part du CSA. (...)

« Le caractère violent et répété du vocabulaire employé par le chroniqueur, stigmatisant les mineurs étrangers isolés en insistant sur les dangers qu’ils représenteraient en termes d’actes criminels, traduit l’expression d’un vif sentiment de rejet à leur égard », a jugé le CSA.

Ensuite, la chaîne a failli à son obligation de maîtrise de l’antenne. « Aucune réaction suffisamment marquée n’a été apportée à ces déclarations par les personnes en plateau », insiste l’instance pointant, sans la nommer, la présentatrice Christine Kelly, dont la réaction était restée pour le moins timorée. Regret supplémentaire : alors que l’émission était diffusée en léger différé, et que les propos problématiques auraient pu être retirés avant leur diffusion, il n’en avait rien été.

Enfin, le CSA s’agace de la situation de récidive dans laquelle se trouve la chaîne. La même émission avait en effet « donné lieu à une mise en demeure », le 27 novembre 2019, et poussé le comité d’éthique du groupe Canal à alerter la chaîne. (...)

Ce même comité avait estimé ce risque largement dépassé le 29 septembre, puisqu’il avait été amené à regretter que « le plus souvent, les propos qu’[Eric Zemmour] tient ne sont plus des répliques pour partie spontanées (…) mais des éléments éditoriaux, exprimés sans réelle contradiction, présentés comme tels, et donc assumés et même revendiqués par la chaîne ».

A l’automne, la déclaration de M. Zemmour avait provoqué un tollé général, une condamnation ferme de la Société des rédacteurs de la chaîne, et l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques à caractère raciste ».