
Au lycée Mozart du Blanc-Mesnil (93), où les classes atteignent parfois 35 élèves, on a bien du mal à digérer l’annonce de Jean-Michel Blanquer.
– L’annonce va "complètement à l’envers" de ce qu’ils attendent. Dimanche 16 septembre, Jean-Michel Blanquer annonçait au Figaro que son ministère devra lui aussi subir les contrecoups de la suppression de 4500 postes de fonctionnaires en 2019.
Si le budget de l’Éducation nationale augmentera bien de 850 millions d’euros, soit une hausse de 1,7%, ce sera toutefois 1800 postes qui seront abolis dès l’année prochaine. Ces suppressions ne concerneront "que le second degré (collèges et lycées, NDLR) et les services administratifs", a ajouté Jean-Michel Blanquer.
Lundi matin, lors d’une interview à France Inter, l’ancien directeur de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) a précisé qu’environ 400 de ces postes concerneront l’administration. Plus ou moins 1400 postes d’enseignants seraient donc menacés. (...)
On ne peut pas faire porter ce poids-là au secondaire. Ils ne sont pas assez matures pour être 35 par classe et s’investir autant que s’ils étaient 24.
Amélie, professeur de SVT
Pour rassurer le corps enseignant, Jean-Michel Blanquer assure que les taux d’encadrement seront "maintenus", grâce à des réorganisations et le recours aux heures supplémentaires. Celles-ci seront d’ailleurs "exonérées de cotisations salariales, donc plus rémunératrices pour les professeurs".
Une solution qui ne convainc pas vraiment les professeurs du lycée Mozart. "Une heure (de cours) en plus, c’est trois ou quatre heures de plus de préparation. C’est une charge de travail beaucoup plus importante. On a pas envie d’être épuisé toute la semaine pour faire cours dans des conditions complètement impossibles", s’inquiète Laurent, professeur d’histoire-géographie.
Depuis la rentrée 2017, le lycée Mozart est particulièrement sous tension, multipliant les journées de grève et les appels à davantage de moyens humains et matériels. Manque d’espace, vétusté des équipements, problèmes de sécurité, inondations dans les locaux... les professeurs sont au bout du rouleau.
"Après une semaine de cours, le bilan est catastrophique", titrait le 15 septembre dernier un communiqué des personnels enseignants. "Certains professeurs ont encore cours dans des salles inadaptées avec des classes à 30 voire 35 élèves", dénonçaient les professeurs, concluant ainsi "au mépris" du "droit le plus élémentaire à l’éducation".