
Un tribunal brésilien a ordonné mardi l’arrêt des travaux du barrage de Belo Monte, le troisième plus grand ouvrage de ce type en construction dans le monde, au coeur de l’Amazonie brésilienne, au motif que les indiens de la région n’avaient pas été préalablement consultés.
Le Tribunal régional fédéral de la première région (TRF1) a indiqué avoir "ordonné l’arrêt des travaux parce que les indigènes n’avaient pas été consultés avant le début de la construction".
"En 2005, quand le parlement brésilien a approuvé ce chantier, il a exigé une étude d’impact environnemental postérieure au lancement des travaux et non préalable comme l’ordonne la loi", a souligné le tribunal.
Les indiens devront être auditionnés par les parlementaires avant que les travaux ne puissent reprendre, selon une source de ce tribunal qui a précisé que cette décision était susceptible d’appel par le consortium public Norte Energia, en charge des travaux. (...)
"C’est une décision historique pour le pays et pour les peuples (du fleuve) Xingu. C’est une grande victoire qui montre que Belo Monte n’est pas un fait acquis. Nous sommes très heureux et satisfaits", a réagi Antonia Melo, coordinatrice du Mouvement Xingu Vivo.
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Cet ouvrage gigantesque symbolise les dilemmes de la sixième économie mondiale. Le Brésil a réduit drastiquement la déforestation de l’Amazonie et affirme avoir la source d’énergie la plus propre parmi les grandes économies. Mais il s’est aussi lancé dans de gigantesques projets d’infrastructure, dont des barrages et des routes en Amazonie pour accompagner son développement.
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Le chef indien brésilien Raoni, 82 ans, connu dans le monde entier pour son combat en faveur de l’Amazonie et des peuples indiens, avait demandé "l’arrêt" de la construction du barrage lors de la conférence sur le développement durable de l’ONU Rio+20 en juin à Rio de Janeiro.
Quelque 150 indiens ont récemment occupé pendant trois semaines l’un des quatre chantiers du barrage pour exiger que le consortium tienne ses engagements envers leurs communautés.
Norte Energia a accepté notamment de remettre immédiatement aux indiens des véhicules de transport et de construire des écoles et des postes de santé.