Ils voulaient finir dignement. Proprement. À 19 heures demain soir, comme prévu. Même cela leur a été ôté. À deux jours près.
Les salariés de Virgin à Bordeaux, une trentaine, ont appris hier après-midi qu’ils devaient immédiatement fermer les portes du magasin de la place Gambetta à Bordeaux. Par une note de la direction évoquant des « circonstances exceptionnelles ». En clair, quatre magasins, à Paris, Strasbourg et Rouen, sont occupés depuis mardi par les salariés. Le mouvement pouvait faire tache d’huile.
(...) Lundi, le tribunal de commerce doit statuer sur la liquidation judiciaire de l’enseigne, qui paraît inéluctable en raison du fort endettement de la chaîne et du rejet, cette semaine, de deux offres émanant des entreprises Cultura et Vivarte.
En attendant, les salariés n’ont pas pu partir hier après-midi. Pas tout de suite. Raccompagner les clients qui ne savaient pas être les derniers, oui. Fermer les caisses, y apposer le panonceau « Virgin, la culture du plaisir », ôter les gilets rouges, aussi. Comme un soir ordinaire. Ça n’en est pas un. Les voilà qui errent dans les rayons désertés tandis que quelques clients se heurtent aux portes closes.
De toute façon, il n’y a plus grand-chose à vendre. Les soldes ont été une vraie curée. (...)
Et une grande tristesse. Le sentiment d’une humiliation infinie. « On reste parce qu’on nous a demandé de partir. On s’est sentis agressés », témoigne Marie-Hélène, une des libraires. Franck, le délégué du personnel, non syndiqué, a la gorge serrée : « On nous fait vivre une fin de vie pénible. Je n’admets pas qu’on nous traite comme ça », dit-il. (...)
Il est terrible, le petit bruit de la clef qui se ferme sur le vide.