
(...) il existe entre Arrêt sur images et Acrimed un différence de vocation (qui peut recouvrir des divergences de fond, quelles que soient les convergences que l’on peut constater sur certaines questions). Et comme nous sommes régulièrement interrogés par des acteurs et consommateurs de contestation sur ce qui sépare Acrimed et Arrêt sur images, il vaut la peine de s’y arrêter.
L’indépendance d’Arrêt sur images est celle d’une petite entreprise médiatique, dont les articles et les émissions sont essentiellement dédiées au « décryptage » des médias ; l’indépendance d’Acrimed est celle d’une association militante, dont les activités et critiques ont pour visée la transformation des médias. Le site d’Arrêt sur images est un site payant dont le financement dépend de ses abonnés ; le site d’Acrimed est un site gratuit et la face la plus visible d’une association dont le financement dépend de ses adhérents et donateurs. Ces différences de visée et de statut ne sont pas sans conséquences [2] : non seulement il serait possible de montrer que nos articles en portent la marque, mais l’animation de notre site est loin d’être notre seule activité publique.
Bénéficier de l’hospitalité parcimonieuse des grands médias n’est donc pas une condition de notre efficacité et de notre pérennité. De son côté, comme Daniel Schneidermann le reconnaît : « Arrêt sur images » dépend pour une part de sa visibilité médiatique dans les grands médias, au risque d’avoir à leur concéder beaucoup pour tenter d’y avoir accès. Acrimed se prive volontairement d’un tel risque : non en boycottant les grands médias, mais en mettant des conditions rigoureuses à sa participation. Non par caprice, mais par souci de cohérence.
À dire vrai, nous n’avons guère eu à poser de telles conditions : en bientôt 20 ans d’existence, insidieusement censurés sur France Culture par Laure Adler secondée par l’actuelle directrice de France Inter, Laurence Bloch [3], nous n’avons été invités qu’une seule fois dans un grand média (dans l’émission « Ce soir (ou jamais !) » du 22 novembre 2013. Et si l’un des réalisateurs du film Les Nouveaux chiens de garde a été invité dans la même émission, le film lui-même a été censuré sur France Télévisions. Pis : sa diffusion sur « La Chaîne Parlementaire » (LCP) a été suivi d’un débat réservé aux chiens de gardes eux-mêmes [4].
Si, pour parler comme Daniel Schneidermann, « nous n’en tirons pas gloire », force est d’admettre que la censure de facto d’Acrimed et de ses amis les plus proches est le prix payé de notre indépendance et de notre radicalité.
Pas d’abonnements à prospecter, mais des adhésions à multiplier. Maintenant !