L’étau se resserre sur les banques américaines impliquées dans la crise des subprimes. L’une des plus importantes, Bank of America, a été reconnue, mercredi 23 octobre, coupable de fraude en vendant des titres hypothécaires aux organismes de refinancement Fannie Mae et Freddie Mac. C’est la première fois qu’une banque est jugée responsable dans le cadre de la crise des subprimes.
Un jury de la cour fédérale de Manhattan, à New York, a en effet estimé que Countrywide Financial Corp, une filiale de Bank of America, avait trompé les deux organismes parapublics en présentant ces actifs sous leur meilleur jour, alors qu’ils étaient en fait à hauts risques. « Presque un an, jour pour jour, après que nous avons porté plainte, un jury a unanimement estimé que Countrywide, Bank of America et une cadre supérieure, Rebecca Mairone, devaient être tenus responsables de prêts désastreux et de l’absence systématique de toute vérification » sur leur qualité, a commenté le procureur fédéral de New York, Preet Bharara.
Tout au long du procès, les procureurs fédéraux ont accusé la dirigeante de Countrywide d’avoir produit en série quantité de prêts immobiliers qui avaient d’infimes chances d’être remboursés. Le programme mis en place était surnommé « The Hustle », c’est-à-dire l’embrouille, ou encore la « High-Speed Swim Lane » ou « HSSL », la ligne de nage ultra-rapide. C’est un ancien cadre de Countrywide, Edward O’Donnell, qui a permis de découvrir le pot aux roses. (...)
Tous les regards se tournent maintenant vers JPMorgan Chase, également soupçonné d’avoir émis des produits financiers adossés à des prêts hypothécaires toxiques à la veille de l’éclatement de la bulle immobilière en 2007. La vente de ces produits avait lésé Freddie Mac et Fannie Mae, qui ont ensuite dû être renfloués par la puissance publique à hauteur de 188 milliards de dollars.
JPMorgan est sur le point de trouver un accord avec la justice américaine pour stopper les poursuites civiles contre le versement de 13 milliards de dollars. Mais cette procédure laisse pendantes les charges criminelles, qui font l’objet d’une enquête menée par un tribunal de Sacramento (Californie).
Pour l’anecdote, Rebecca Mairone, l’ex-cadre supérieure de Countrywide, a ensuite été embauchée par JPMorgan, d’abord au département prêts immobiliers de la banque puis comme cadre administratif. Interrogé sur les conséquences de la décision de mercredi sur son avenir au sein de JPMorgan, un porte-parole a déclaré que l’affaire allait être examinée.