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Aube dorée, l’autre visage de l’extrême droite européenne
Article mis en ligne le 26 juillet 2013
dernière modification le 21 juillet 2013

L’Union européenne renoue avec ses vieux démons. La crise sociale et démocratique est un terreau fertile à la résurgence des droites extrêmes. En Grèce, elle est incarnée par Aube dorée, un parti aux références néo-nazies assumées, crédité de 13% dans les sondages. Agressions racistes et violences politiques perpétrées par ses militants et ses élus se multiplient. Et si le crépuscule brun d’Aube dorée recouvrait la Grèce ?

Vu de France, leur succès est une énigme. Leur logo ressemble à s’y méprendre à une croix gammée. Ils traquent, tabassent ou défigurent jeunes, vieux et femmes sous prétexte qu’ils sont immigrés, musulmans ou « rouges ». Africains, Albanais, Afghans ou Pakistanais ? « Des espèces de sous-hommes qui ont envahi notre patrie en nous ramenant toutes sortes de maladies », explique l’une de leur députée, Eleni Zaroulia, au Parlement grec. Leurs élus exhibent des armes à feu, intimident d’autres députés ou font le salut nazi en plein hémicycle. Mi-mai, l’un de leur député pénètre au sein du Parlement avec un revolver. Il aurait déclaré au policier en faction : « Je préfère avoir quelqu’un en premier, avant qu’ils me choppent. » Des lettres de menaces de mort, arborant leur logo, sont adressées à des journalistes ou à l’Association des musulmans de Grèce. Des images montrent leurs militants aux côtés de la police anti-émeute, participant à la répression des manifestations de gauche anti-austérité… (...)

« Pour eux, pas de distinction, toute la gauche doit aller dans des chambres à gaz », commente Moisis Litsis, l’un des fondateurs du Comité grec contre la dette et responsable syndical, lui-même est pointé du doigt par la presse d’extrême droite comme « trésorier [de son syndicat] et juif ».

La crise n’explique pas tout

Comment en est-on arrivé là ? Comment un parti clairement néo-nazi, qui multiplie les agressions de rue et les discours racistes assumés, est-il désormais en mesure de négocier une place au sein de la coalition gouvernementale d’un pays membre de l’Union européenne ? (...)

En Grèce, les mesures d’austérité imposées par la Troïka – Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et FMI – se sont conjuguées à l’effondrement du système politique. Le panorama électoral a été totalement chamboulé (...)

Surtout, la démocratie grecque semble avoir été mise entre parenthèse par la Troïka qui impose au pays ses mémorandums. « Il n’y a pas une seule mesure des lois préfabriquée par la Troïka qui ne soit pas passée. Alors les gens se demandent à quoi sert le Parlement ? A quoi sert d’avoir des élus ? », pointe Panagiotis Grigoriou, historien et ethnologue, auteur du blog Greek Crisis |3|. « La démocratie grecque était loin d’être parfaite, mais quand on l’annule, lorsque l’on bafoue constamment la Constitution, la porte est ouverte à un changement de régime… Dans ce contexte, l’arrivée d’Aube dorée n’est pas un hasard. » (...)

Autre signe de l’agonie de la démocratie : l’actuel gouvernement a envoyé la police prendre d’assaut les émetteurs de la radiotélévision publique, une fermeture arbitraire qu’a d’ailleurs soutenue Aube dorée. (...)