
« La sécurité alimentaire passe par la sécurité semencière », entend-on souvent dans le milieu de l’agronomie des pays en développement. Au Zimbabwe, cet adage se concrétise peu à peu grâce à la promotion de l’utilisation de petites céréales indigènes menacées d’extinction par la prédominance du maïs dans les champs comme dans les assiettes.
Cette suprématie du maïs ne laisse que le second rôle aux petites céréales indigènes comme le millet, le niébé et le sorgho, malgré la grande capacité de résistance de ces plantes aux perturbations météorologiques comme la sécheresse, que le changement climatique a rendues de plus en plus fréquentes et intenses au Zimbabwe. Ces petites céréales ont en outre tendance à coûter moins cher en intrants que le maïs hybride vendu dans le commerce. (...)
Ces semences indigènes sont relativement difficiles à trouver, ce qui freine leur utilisation à plus grande échelle. Les agriculteurs achètent leur maïs dans le commerce, tandis que 95 pour cent de toutes les autres semences proviennent de leurs propres cultures ou de celles de leurs collègues.
Esprit de solidarité
Les banques de semences sont une solution à ce problème. Sous forme associative, leur fonctionnement est généralement similaire à celui des banques classiques : les paysans empruntent des semences, qui sont souvent données par la collectivité locale, puis remboursent leur emprunt et les intérêts en nature après la récolte. Ces banques sont dans la plupart des cas de petites pièces sombres protégées de la chaleur et remplies d’étagères pleines de pots et de bouteilles contenant une grande diversité des semences indigènes, dont, dans le cas du Zimbabwe, du millet, du niébé et des variétés locales de maïs.
Selon un article publié en avril 2017 par Development in Practice sur l’évolution et le rôle des banques de semences dans différents pays du monde, ces structures « favorisent la résilience des paysans, notamment en ce qui concerne les communautés et les foyers les plus touchés par le changement climatique. » (...)
Selon une récente étude menée sur le terrain par Oxfam, « l’accès aux semences qui conviennent, au bon moment, et à un prix abordable est essentiel pour produire suffisamment de nourriture dans un contexte de perturbations climatiques croissantes. Les systèmes de semences paysannes et les banques de semences collectives représentent un filet de sécurité capital pour les populations vulnérables qui ont peu de moyens […]. Soutenir ces initiatives est une solution d’adaptation à côté de laquelle nous sommes en train de passer. » (...)
L’utilité de ces banques ne fait aucun doute, mais le secteur agricole zimbabwéen a beau représenter une part importante de la croissance économique du pays, il reste sous-financé. Sans aide extérieure de longue durée, les banques de semences risquent de tomber en désuétude quand les fonds de lancement s’épuiseront, met en garde l’article de Development in Practice.