
(...) proposition de loi du groupe écologiste visant à améliorer le bien-être animal dans l’agriculture. Densité de peuplement, durée de transport, élimination des poussins et canetons, aide à la transition sont les quatre thèmes abordés par ce texte (...)
Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et moyennes entreprises — le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie était absent car il participait aux négociations de la Politique agricole commune (PAC) à Bruxelles — a donné un avis défavorable : il a assuré que le gouvernement « [partageait les] objectifs » de ce texte, mais que certaines échéances, comme l’accès aux espaces de plein air dans tous les élevages d’ici 2040, n’étaient « pas tenables ».
Plusieurs sénateurs, notamment ceux du groupe Les Indépendants — République et Territoires, du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, et même ceux issus du Parti socialiste, ont critiqué que le texte ne soit qu’à l’échelle française, et non européenne. Même chose pour Arnaud Bazin (groupe Les Républicains) (...)
Déposée initialement par Esther Benbassa en janvier 2020, elle a depuis été retravaillée et raccourcie : elle ne compte plus que quatre articles, contre quatorze il y a un an. « En deux heures de niche parlementaire, on ne peut pas parler de tout, justifie Esther Benbassa. On a dû se concentrer sur certains points. » (...)
Le premier article vise à rendre obligatoire dans les bâtiments d’élevage d’animaux une limite de densité de peuplement, et un accès à un espace de plein air, adapté aux besoins des bêtes. (...)
Interdire « l’élimination » des poussins mâles et des canetons femelles vivants (...)
- Enfin, le dernier article vise à créer un « fonds de soutien à la transition pour le bien-être animal », destiné aux agriculteurs et aux acteurs de l’abattage. « Ce seraient des aides financières pour changer de mode d’élevage, ou pour aider à aménager les espaces », précise Esther Benbassa. (...)
- Contrairement à la proposition de loi déposée en janvier 2020, le texte actuel ne mentionne plus les conditions d’abattage des animaux, l’interdiction de la castration à vif et la caudectomie (l’ablation de la queue) des porcelets, ni la mise en place d’un moratoire sur l’élevage intensif.
- « Ce texte n’est pas clivant, il est consensuel même », affirme Esther Benbassa. Plusieurs sénateurs d’autres groupes ont d’ailleurs signé le texte : Hussein Bourgi (groupe socialiste), Nassimah Dindar (groupe Union centriste), Joëlle Garriaud-Maylam (Les Républicains), Joël Guerriau (groupe Les Indépendants – République et territoires)...
Pourtant, la proposition de loi a été rejetée par la commission des affaires économiques du Sénat au début du mois de mai. Dans un résumé, elle a garanti partager « la recherche de meilleures conditions d’élevage en prenant en compte les contraintes des éleveurs », mais s’est montrée « en désaccord avec les moyens choisis pour atteindre cet objectif, considérant notamment que l’échelle européenne [était] la plus appropriée afin d’éviter certains effets de bord ».
La commission précisait que cette proposition de loi pourrait créer de « nouvelles distorsions de concurrence au détriment de l’agriculture française, en alourdissant encore les contraintes sur les agriculteurs français, en exportant chez nos voisins les pratiques que la loi française condamnera, tout en important davantage de denrées venues de chez eux ». (...)