Les élections présidentielles brésiliennes, qui se sont achevées en octobre dernier, ont été un véritable concours de désinformation et d’attaques caractérisées contre la presse. Cette « guerre contre la vérité » a été au centre même de l’ascension au pouvoir de Jair Bolsonaro.
(...) L’association brésilienne des journalistes d’investigation a recensé plus de 150 cas de violences à l’encontre de journalistes, parmi lesquelles celles visant le reporter du journal Folha de S.Paulo qui a dévoilé la campagne pro-Bolsonaro visant à répandre de fausses informations via WhatsApp, et qui a récemment figuré dans le palmarès des « personnalités de l’année » du magazine Time. (...)
« Méfiance généralisée »
Durant les jours qui ont précédé l’investiture de Bolsonaro, les médias brésiliens ont commencé à se préparer à ce qui s’annonce comme quatre années de relations tumultueuses avec le nouveau gouvernement. Et les journalistes indépendants s’apprêtent à redoubler d’efforts pour défendre la démocratie et la liberté de la presse. Afin de pouvoir couvrir ce qui se passera au Brésil en 2019, leur but est de retrouver non seulement un soutien financier, mais aussi la confiance aujourd’hui érodée du public. (...)
Lisboa affirme que la presse va devoir répondre à une demande croissante d’autonomie et de transparence dans les années à venir. Ce scénario va selon elle avantager les organes de presse financés par des ONG et par le public, qui sont déjà perçus comme étant différents des grandes institutions médiatiques du pays. (...)
« C’est une réponse à l’idée selon laquelle le journalisme n’aurait pas de rôle social, qu’il serait tout le temps partisan et compromis idéologiquement », explique Machado. Il affirme que le but n’est pas de s’opposer au nouveau président, mais simplement de donner de la crédibilité au journalisme. « Nous voulons agir pour éviter que des stratégies telles que la désinformation et le discrédit des médias ne se développent trop à l’avenir. » (...)
« Les entreprises médiatiques qui se montrent critiques envers le gouvernement craignent des représailles » (...)
Contre un recul des droits
Première agence de journalisme d’investigation du Brésil à but non lucratif, Agência Pública a annoncé qu’au cours des quatre prochaines années, elle se concentrera exclusivement sur les enquêtes et embauchera un correspondant à temps plein pour suivre le Parlement et le gouvernement directement depuis la capitale.