
Le Brésil accueille à partir de ce 5 août 2016, les 31 ème Jeux olympiques. Si le sport est au cœur de toutes les préoccupations, en marge de l’événement, la contestation politique continue d’animer la société civile. Avec à sa tête, des Brésiliennes, décidées à lutter pour le retour de l’ancienne présidente Dilma Rousseff et contre ceux qui ont pris sa place.
Un coup d’Etat, décidément machiste »
« Non au coup d’Etat machiste, Non au retour en arrière !!! », derrière son microphone, Juliana Santos a le regard déterminé. Après une pause pour laisser la foule s’exprimer, la jeune étudiante en droit reprend la parole « ce gouvernement veut nous renvoyer dans nos cuisines ! Montrons-lui que les Brésiliennes ont désormais leur mot à dire ! »...
Sûre d’elle, la jeune femme issue de la périphérie de Sao Paulo, n’a pourtant rien d’une militante. Comme la plupart des manifestantes présentes ce vendredi 7 juillet 2016, et toutes les semaines depuis dans une ville ou l’autre du pays, Juliana a découvert le féminisme en novembre 2015 à l’occasion de ce que la presse a surnommé le « printemps des femmes ». Sur les réseaux sociaux, des campagnes pour dénoncer la culture du viol dans le pays et le harcèlement systématique des femmes avaient conduit, pendant 3 semaines, les Brésiliennes dans la rue pour réclamer leurs droits. Preuve de ce réveil massif des femmes dans le pays, entre octobre 2015 et janvier 2016, les recherches sur Google Brésil du mot « féminisme » ont augmenté de 86%.
Si le "Printemps des femmes" n’épargnait pas l’ancienne présidente Dilma Rousseff - mise à l’écart en mai 2016 et dont le sort définitif sera tranché par un jugement du Sénat le 27 août prochain -, et lui reprochait une politique trop timide en faveur des femmes, le processus de destitution a changé la donne. « Entendre les gens traiter la Présidente de « vaca » (« vaca » peut être traduit par « truie ») m’a fait prendre conscience du danger que représentait sa destitution. Dilma n’a pas été débarquée pour sa politique, mais à cause de son sexe, la soutenir n’a pas été un dilemme, » explique Juliana qui entre-temps a rejoint « Mulheres Pela Democracia » ( femmes pour la démocratie) l’un des nombreux mouvements nés après "l’impeachement". (...)
L’absence des femmes au gouvernement s’est accompagnée d’un autre symbole fort : la suppression du ministère des Droits des femmes et sa relégation au rang de secrétariat d’état. Au Brésil, où trois femmes sur cinq ont déjà subi des violences physiques et où l’écart salarial avec les hommes est en moyenne de 30% en leur défaveur, la décision a fait grincer des dents. (...)
« Réduire ou supprimer les programmes sociaux comme prévoit de le faire le gouvernement, c’est renvoyer à l’extrême pauvreté des millions de femmes », souligne Cícero Péricles Carvalho, professeur d’économie régionale à l’Université Fédérale d’Alagoas, pour qui les aides sociales sont de formidables outils en faveur de l’indépendance des femmes. (...)