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Le Monde
« Arrêtons ce naufrage de civilisation ! » : le discours cinglant du pape François à l’UE sur la question migratoire
Article mis en ligne le 7 décembre 2021

Lors d’une visite sur l’île de Lesbos, où arrivent des personnes aspirant à l’exil, François a demandé un changement radical dans l’attitude des pays européens envers les migrants qui se présentent à leurs frontières.

L’histoire ne pourra pas reprocher à ce pape-là de n’avoir pas parlé avec suffisamment de force contre ce qu’il a appelé vendredi « la guerre de ce temps », à savoir la question migratoire. Au deuxième jour de sa visite en Grèce, François s’est rendu, dimanche 5 décembre, dans l’île de Lesbos à la rencontre de réfugiés, qui, à partir des côtes turques, cherchent à rejoindre un pays européen. Il y a prononcé d’une voix douce son discours sans doute le plus ardent, mais aussi le plus cinglant, en faveur d’un changement radical dans l’attitude des pays de l’Union européenne (UE) envers les migrants qui se présentent à ses portes. Car la politique actuelle visant à les empêcher d’entrer, a-t-il fulminé, constitue « un naufrage de civilisation ». (...)

Devant cette petite assistance, et après avoir sillonné le camp au plus proche de ses habitants, la philippique de François s’est développée sur plusieurs registres.

En citant à deux reprises le philosophe Elie Wiesel (1928-2016), le pape s’est d’abord placé sur un plan moral pour demander le réveil des « cœurs sourds aux besoins des autres ». « Surmontons la paralysie de la peur, l’indifférence qui tue, le désintérêt cynique qui, avec ses gants de velours, condamne à mort ceux qui sont en marge !, a-t-il lancé. Luttons à la racine contre cette pensée dominante, cette pensée qui se concentre sur son propre moi, sur les égoïsmes personnels et nationaux. »
« Miroir de la mort »

Comme il y a cinq ans, lorsqu’il s’était rendu une première fois sur l’île de Lesbos, le pontife a insisté sur les personnes qui se trouvent derrière le vocable globalisant de migrant. « Regardons le visage des enfants, a-t-il demandé. Ayons le courage d’éprouver de la honte devant eux, qui sont innocents et représentent l’avenir. (…) Ne fuyons pas trop vite les images crues des petits corps gisants sur les plages. » (...)