
Après l’Allemagne et les Pays-bas, l’association de défense des consommateurs Foodwatch fait ses premiers pas en France, vise les géants de l’industrie et dénonce leurs « ruses légales ». Première prise de bec avec Leclerc.
La France, pays de la gastronomie ? Les consommateurs français, protégés des dérives de l’industrie alimentaire ? Pas d’après l’ONG Foodwatch. « Quand il passe la porte du supermarché, le consommateur est victime des ruses légales de l’industrie alimentaire » affirmait Ingrid Kragl, directrice de l’information, lors de la conférence de presse pour le lancement de son antenne française. (...)
Des méthodes légales, certes, mais pas légitimes. Face aux ruses de l’industrie, l’ambition de l’ONG est, au contraire, d’informer les consommateurs et de susciter le débat. L’association de défense des consommateurs n’a pas vocation à donner des conseils en matière d’équilibre alimentaire. Simplement, « nous voulons que, dans un marché transparent, le consommateur puisse librement décider de ce qu’il mange, en toute connaissance de cause et sans risque », résume Ingrid Kragl.
C’est en 2002, en réponse à la crise de la vache folle, que Thilo Bode, ancien directeur de Greenpace International, crée Foodwatch, à Berlin. En Allemagne, l’ONG s’est illustrée sur plusieurs fronts. Il s’agit pour elle de s’inviter dans le débat public, en dénonçant certaines pratiques de l’industrie alimentaire. Insistant sur son indépendance financière, l’association vit à l’heure actuelle des dons de ses 28 000 membres.
Des produits qui n’existent que sur l’emballage
Pour ses premiers pas en France, elle a placé cinq produits sur la sellette. Dans une salle où les journalistes français côtoient leurs homologues allemands, l’équipe s’indigne : « En France, pays de la gastronomie, la volaille est mélangée à de l’eau et des arômes artificiels. La soupe à l’ancienne promet un savoir-faire et des ingrédients de qualité alors que ses additifs feraient la fierté des chimistes. Même le bio ne tient pas toujours ses promesses. Sous l’emballage flatteur, certaines grandes entreprises cachent l’essentiel… en toute légalité. »
Une soupe bœuf-carottes « tradition », sans bœuf mais avec seulement 1 % de... jus de cuisson de bœuf ; des pâtes fourrées « plus généreuses » avec un gros morceau de parmesan sur l’emballage mais ne contenant que 2 % de parmesan ; de la dinde estampillée « 100% filet » où la viande ne figure pourtant qu’à hauteur de 84%... « Les industries en profitent », s’indigne Ingrid Kragl, bien décidé à mettre les grands groupes devant leurs responsabilités. « Ça suffit de culpabiliser les consommateurs qui ne savent soi-disant pas bien s’alimenter, alors que les industriels rivalisent de ruses ».
Bras de fer engagé avec Leclerc (...)