
En France, chaque semaine, 1.300 ha de terres sont bétonnés, rappellent les auteurs de cette tribune. Qui ont lancé l’Appel du sol pour que l’Union européenne considère enfin la protection des terres à la hauteur de leur valeur : le sol est un bien commun au même titre que l’eau et l’air.
Les récentes décisions prises par le gouvernement dans le cadre de la PAC 2018, qui vont pénaliser les petits agriculteurs et ceux engagés dans la transition de notre agriculture, renforcent d’autant plus nos attentes concernant ces États généraux.
Il n’y a pas d’alimentation durable possible sans terres, sans sols vivants et sans agriculteurs pour la produire. Ainsi, les débats doivent intégrer les interactions entre alimentation, agriculture, environnement et société. La terre est à la croisée de ces enjeux : tour à tour système géophysique ; complexe vivant, accueillant une biodiversité immense ; outil économique, base de la production de l’alimentation ; enjeu politique, objet de luttes paysannes ; espace symbolique, support du paysage…
Cette richesse est aujourd’hui purement et simplement menacée de destruction. Chaque semaine, 1.300 ha de terres sont bétonnés en France, accaparées par des promoteurs pour qui la conversion de terres agricoles en surfaces constructibles est une poule aux œufs d’or. Cette destruction des terres agricoles constitue une réelle menace pour notre souveraineté alimentaire. Elle s’ajoute à une préoccupation grandissante, celle de la qualité de nos sols agricoles, largement dégradés par certaines pratiques agricoles. (...)
Le Parlement européen a adopté un rapport reconnaissant que l’accaparement des terres européennes était un enjeu commun dans l’Union. Nous avons voulu prolonger ce travail en mobilisant les citoyens européens en faveur de la protection de la terre et de la vie, et des droits humains qui en dépendent. C’est l’objet de l’Initiative citoyenne européenne l’Appel du sol, menée conjointement par 400 organisations de la société civile dans toute l’Europe. L’objectif de ce formidable outil démocratique est de réunir un maximum de signatures d’ici le 11 septembre 2017 afin d’interpeller la Commission européenne et ainsi l’obliger à examiner la question de la rédaction d’une directive-cadre sur les sols.
Nous proposons quatre axes pour une politique européenne de la terre et des sols :
. la préservation des terres agricoles (l’artificialisation ne doit être possible que lorsque son caractère impératif peut être démontré),
. des mesures pour éviter la concentration et l’accaparement des terres,
. la promotion de l’accès à la terre pour les agriculteurs participant à l’alimentation locale,
. le déploiement de dispositifs destinés à inverser la perte de fertilité des sols et à réduire les intrants chimiques. (...)
nous demandons à toutes celles et ceux qui souhaitent préserver les conditions mêmes de la vie sur la planète de signer et relayer l’Appel du sol. (...)