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Annulation de la différence des sexes ou de leur indifférenciation ?
#feminisme #transgenre #sexisme
Article mis en ligne le 6 avril 2023
dernière modification le 4 avril 2023

Martine Storti, journaliste et essayiste, militante féministe, rappelle que la crainte de « l’annulation de la différence des sexes » est corrélée à l’émancipation des femmes.

« Il parait, si l’on en croit quelques livres, colloques et articles, que la différence des sexes est menacée d’annulation et qu’il faudrait donc s’efforcer de la défendre et même de la « sauver ».

Car il faut quand même se demander où se niche cette épouvantable annulation ? Pas dans la parité qui a introduit la différence des sexes dans la constitution française. Pas non plus dans les persistantes inégalités de salaires et de carrières entre les femmes et les hommes, ou dans la perpétuation du sexisme ou des violences sexuelles, ou dans les publicités qui nous inondent de corps féminins dénudés, ou dans la traite mafieuse et prostitutionnelle dont des femmes sont les premières victimes, ou dans l’injonction faite aux femmes, chirurgie esthético-marchande aidant, de se faire réduire ou grossir la poitrine, remonter le cou ou les fesses !

On me dira que la menace aujourd’hui est autre, qu’il ne s’agit plus de pantalon ou de corset ni même d’inégalités mais d’enjeux bien plus grave déclinés d’une double manière : la « théorie du genre » et la transidentité.

La « théorie du genre » aboutirait à la négation de la différence des sexes, y compris biologique, pour en faire uniquement une construction sociale. (...)

Première remarque : de « théorie du genre » il n’y a pas. Il existe des approches genrées des réalités humaines, il existe des études de genre dans les universités, il existe peut-être aussi quelques bêtises énoncées au nom du genre, mais tout cela est pluriel, traversé de nombreux divergences et nullement une « théorie » unique.

Seul point d’accord : le biologique ne rend pas compte de tout et la part de la construction sociale est très importante : construction des signes extérieurs de la différence, construction des rôles, des stéréotypes etc.

Affirmer qu’il y a et une part biologique et une part sociale, en effet construite, est-ce annuler la différence des sexes ? Non. (...)

Un moment différentialiste, qu’il soit réactionnaire ou qu’il se donne pour progressiste

A la « théorie du genre » qui ferait peser des risques sur la différence des sexes s’ajoute l’enjeu trans. Il est possible de questionner la transidentité mais sûrement pas de lui reprocher d’annuler la différence des sexes. C’est plutôt le contraire. (...)

Là encore n’assimilons pas les désolantes caricatures maniées par quelques « transactivistes » avec toutes les personnes trans. Si certaines d’entre elles exigent que le mot femme disparaisse au profit de « personnes à utérus », ou que le pénis ne soit pas considéré comme un « organe masculin », ce n’est pas le cas de la majorité.

Menace sur la différence des sexes, nous dit-on. Et si menace il y a, n’est-elle pas non plus sur la différence des sexes mais sur leur indifférenciation, sur l’appartenance des deux sexes au genre humain ?

Nous ne sommes pas dans un moment d’annulation de la différence, mais plutôt de son exaltation et du triomphe du différentialisme. (...)

La construction de l’égalité et de la liberté passe par une affirmation, y compris dans l’espace social et politique, des différences et en même temps par leur dépassement.