
Déplacement sans attestation, violation du couvre-feu, non-port du masque… Après avoir reçu des salves d’« amendes Covid » entre 2020 et 2021, des jeunes issus de quartiers populaires affichent des milliers d’euros de dettes. Une situation intenable.
« Des amendes ? Tout le monde en reçoit, moi, mes potes, c’est toujours la même chose », se désole Rafik, 21 ans, habitant du XVIIe arrondissement de Paris. « Ça a toujours existé mais pendant le Covid, les amendes se sont enchaînées. » La Ligue des droits de l’homme (LDH) a saisi, fin mars, la Défenseure des droits pour dénoncer des « verbalisations ciblées sur certains jeunes de quartiers populaires » de la capitale, explique Nathalie Tehio, avocate de la LDH, qui dénonce un « harcèlement policier » à connotation discriminatoire, lié à leur « origine ethnique, réelle ou supposée ».
La Défenseure des droits a dit se saisir du dossier, tandis que l’avocate va entamer une « saisine individualisée » pour deux jeunes, de 20 et 25 ans, habitants du XIIe arrondissement, qui cumulent 7 000 euros et 23 000 euros de dettes, « essentiellement pour des infractions Covid, qui non payées et non contestées, ont été majorées ».
« Ils ne prenaient même plus la peine de nous contrôler »
Dans la saisine de la Défenseure des droits que Libération a pu consulter, la LDH a recensé près de 300 contraventions infligées à une soixantaine de mineurs et jeunes majeurs entre mars 2020 – début du premier confinement – et juin 2021 : chacun a été verbalisé entre une et trente fois sur cette période. (...)