
Pétition, prises de parole publiques, tribunes : des voix s’élèvent contre la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’allocation mensuelle versée aux personnes handicapées
On dit que l’amour n’a pas de prix. Mais pour les personnes en situation de handicap, le fait d’être en couple peut les priver de l’allocation adulte handicapé (AAH) à laquelle elles pourraient prétendre.
Créée en 1975, cette aide financière destinée à compenser l’incapacité de travailler est versée sur critères médicaux et sociaux. Passée en 2019 de 820 à 900 euros mensuels (maximum pour une personne seule), elle bénéficie aujourd’hui à plus d’1,2 million de personnes, dont 270 000 sont en couple. (...)
Car à l’instar d’autres prestations, comme le RSA par exemple, dès lors que la personne est mariée, pacsée ou vit en concubinage, les ressources de son conjoint sont prises en compte dans le calcul du montant (...)
Une "injustice" pour de nombreuses associations qui réclament depuis plusieurs années une "individualisation" de l’AAH.
"Cela met les personnes handicapées en situation de dépendance financière", Clémentine Dangeron, du collectif "les Dévalideuses". (...)
Cette difficulté n’épargne pas les hommes mais elle "touche plus spécifiquement les femmes", souligne Clémetine Dangeron, "car elles sont moins en emploi, plus souvent à temps partiel, et aussi plus fréquemment victimes de violences". Selon les estimations de l’ONU, près de quatre femmes handicapées sur cinq ont déjà subi des violences physiques, psychologiques, sexuelles ou institutionnelles. (...)
Une pétition importante sur le site du Sénat(...)
Si la pétition atteint 100 000 signatures, le Sénat pourra être saisi
Désolidariser les revenus du conjoint "pourrait permettre l’émancipation financière pour les femmes dans ces cas-là. C’est compliqué d’avoir une relation de couple saine quand on doit demander de l’argent de poche à son conjoint", ajoute la militante.
Dans un récent billet sur France Inter, l’humoriste Nicole Ferroni relevait que pour les personnes handicapées, "entre handicap ou amour, il faut choisir". (...)
Le 13 février, quelques jours avant que le coronavirus ne vienne bouleverser la France, l’Assemblée nationale avait adopté une proposition de loi contre l’avis de la majorité et du gouvernement pour individualiser l’AAH. "Cela a soulevé beaucoup d’espoir. Mais ce n’était qu’une première manche, il faut maintenant aller jusqu’au bout", explique la communiste Marie-George Buffet, qui avait défendu cette initiative transpartisane portée par le député Libertés et Territoires Yannick Favennec Becot.
A l’origine d’une proposition de loi sur ce sujet rejetée en 2018, Marie-George Buffet attend "désormais qu’un groupe de sénateurs se saisisse du texte pour qu’il passe au Sénat".
"Les personnes handicapées doivent pouvoir être indépendantes financièrement", a également affirmé vendredi la Défenseure des droits, Claire Hédon, dans un communiqué. (...)