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Agriculteurs et écologistes peuvent-ils dialoguer ?
Article mis en ligne le 18 août 2020
dernière modification le 17 août 2020

Je vais répondre ici, au torrent de railleries, de critiques, de quolibets que m’a valu un Thread sur Twitter, tentant d’aller au delà de la caricature entre les écologistes et les agriculteurs. Twitter et ses 240 caractères ayant ses limites, je vais ici essayer d’aller un peu plus loin dans mes réponses aux critiques légitimes et étayer le propos que j’essayais initialement de développer.

Il y a deux jours de ça, je me suis dit que cette opposition caricaturale entre des écolos vus comme des bobos déracinés et des agriculteurs pollueurs était vraiment trop stupide. N’écoutant que mon courage j’ai passé mon après midi à composer un Thread sur Twitter en guise de main tendue.

Non seulement cette tentative a lamentablement échoué, mais elle s’est transformée en un échange fourni de noms d’oiseaux, de procès d’intention, d’interprétation plus ou moins de bonne foi. Elle a également fait sortir du bois ce que j’ai appelé une « meute » de twittos (adeptes des hashtags #NoFakeScience #AgriBashing, etc.) qui, une fois mes tweets identifiés, et chauffés à blanc par certaines de leurs égéries (notamment la journaliste Emmanuelle Ducros et l’animateur Mac Lesggy, connu pour sa longue carrière de présentateur d’E=M6 et ses publicités pour les dentifrices et brosses à dent, mais qui se trouve aussi avoir une lointaine formation d’agronome) n’ont pas manqués de fondre sur moi. Quelques uns parmi eux avec bonne foi, d’autre pour s’associer au travail de démolition.

La cause de leur courroux : j’aurais justement empilé toutes les caricatures sur l’agriculture française et énoncé plusieurs énormités qui prouvent ce qu’ils croient savoir depuis longtemps : je n’y connais rien à l’agriculture.

Commençons par là. Pourquoi m’intéresser à la question agricole et de quel droit m’exprimer sur la question ?

D’abord parce que je pense que tout le monde devrait s’y intéresser. Ce que nous mangeons, la façon dont notre nourriture est produite, transformée conditionne à la fois notre survie mais a un énorme impact sur nos paysages, notre ressource en eau, mais aussi sur le climat et la biodiversité.

Ensuite parce que, dans le cadre de mon travail, à la fois d’écologiste (j’ai dirigé une ONG pendant 7 ans), de directeur de collection pour Actes Sud (où j’ai publié plusieurs ouvrages sur la question) et surtout de documentariste, j’ai été amené à rencontrer des dizaines d’agronomes, d’agriculteurs, de chercheurs, de scientifiques (éthologues, biologistes, climatologues, etc.) de militants, mais aussi de responsables politiques à l’échelle mondiale, européenne ou française qui traitent de ces questions. J’ai aussi passer du temps à filmer dans quelques fermes. Sur le plan personnel, j’ai été amené régulièrement à visiter des cousins de ma femme, tous deux agriculteurs conventionnels (aujourd’hui retraités) dans l’Orne et la Manche, producteurs de lait et de maïs. J’ai plusieurs amis agriculteurs bio. Et j’ai eu régulièrement des conversations avec tous ces gens là ces vingt dernières années. L’agriculture m’a toujours semblé être l’une des clés de la solution écologique. Aujourd’hui je suis plus que jamais convaincu qu’il faut créer des ponts entre écologistes et agriculteurs. Mais ça n’est pas facile...

Je glisse enfin, que malgré les accusations récurrentes de quelques harceleurs numériques, je ne souscris absolument pas aux théories de l’anthroposophie, même si je suis amateur, comme beaucoup, de certains vins biodynamiques et que j’ai de nombreuses connaissances influencées par ce mouvement de pensée. Je l’ai déjà dit maintes fois, mais les clichés et les rumeurs sont tenaces.

Ceci étant dit, quelles énormités caricaturales ai-je énoncé ? (...)