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Mediapart
Affaire Dupond-Moretti : des mails embarrassants pour Jean Castex
Article mis en ligne le 15 juillet 2021

Des échanges de mails inédits entre Matignon et le ministère de la justice obtenus par Mediapart confirment l’acharnement de Jean Castex, prenant la suite d’Éric Dupond-Moretti, à poursuivre disciplinairement des magistrats du Parquet national financier, contre lesquels aucun grief n’avait pourtant été retenu par les autorités de contrôle.

On le savait : sitôt arrivé il y a un an au ministère de la justice, Eric Dupond-Moretti a utilisé ses attributions disciplinaires pour régler des comptes avec des magistrats anticorruption qu’il avait affrontés par le passé en tant qu’avocat, en lançant contre eux des enquêtes administratives. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut d’être visé par une instruction pour des faits de « prise illégale d’intérêts » devant la Cour de justice de la République, où il est convoqué, vendredi 16 juillet, en vue d’une possible mise en examen.

De nouveaux documents obtenus par Mediapart confirment aujourd’hui qu’au-delà du Garde des Sceaux, les services du premier ministre se sont montrés, eux aussi, particulièrement acharnés dans l’opération contre les magistrats anticorruption, après qu’Éric Dupond-Moretti a dû se dessaisir au profit de Jean Castex des dossiers qu’il avait traités en tant qu’avocat, pour cause de conflit d’intérêts. (...)

Pour rappel, à deux reprises, en mars puis en avril, Jean Castex avait saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de poursuites disciplinaires contre des magistrats du Parquet national financier (PNF), ce alors que l’Inspection générale de la justice (IGJ), saisie auparavant par Éric Dupond-Moretti, n’avait rien trouvé à leur reprocher. Qu’importe : il fallait de toute évidence taper vite et fort sur le PNF, qui avait déjà agacé le pouvoir macronien dans plusieurs dossiers (l’affaire Kohler notamment), juste avant l’ouverture du procès de Nicolas Sarkozy (alias Paul Bismuth) et de Thierry Herzog.

Des échanges de mails inédits, dont Mediapart a pu prendre connaissance, démontrent désormais le véritable acharnement dont ont fait preuve les services de Jean Castex (ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à l’Elysée) dans cette affaire. (...)

La mission d’inspection n’avait même trouvé que des louanges à tresser pour l’un des magistrats du PNF visés par le ministre de la justice, le procureur Patrice Amar, qui se trouve être l’une des bêtes noires de Nicolas Sarkozy dans la magistrature. Dans leur rapport, les cinq magistrats de l’IGJ mettaient en avant « les qualités humaines, les compétences techniques, l’aisance oratoire et la capacité à s’inscrire dans le lien hiérarchique » de Patrice Amar, qui « ont été très majoritairement saluées ».

La mission d’inspection observait que l’enquête déclenchée par le ministre « n’a pas permis d’objectiver […] un quelconque manquement de M. Amar aux principes déontologiques auxquels tout magistrat est soumis ». « De même, s’agissant de sa manière de servir, aucun manquement ne peut être relevé contre ce magistrat », insistait l’inspection.

Ces compliments semblent avoir irrité Matignon. (...)