
Willie, maraîcher du Vaucluse, distribue ses paniers une fois par semaine à Marseille : dans les quartiers nord à un prix très abordable pour les populations défavorisées et dans le sud de la ville, dans un quartier autrement plus favorisé.
« Le projet est né parce qu’on parlait de plus en plus du bio mais, ici, personne ne savait de quoi il s’agissait ! Au pays, au Maghreb, la plupart des gens mangent du bio sans le savoir. On a commencé par faire venir un agriculteur pour expliquer ce qu’était le bio, puis on a fait des sessions de cuisine avec des produits bio et, de fil en aiguille, on est arrivé à l’idée de distribution de paniers bio, en lien avec les Paniers marseillais. » (...)
Les Paniers marseillais est l’acteur associatif incontournable de l’alimentation bio en circuits courts à Marseille. (...)
Nous sommes un réseau de consommateurs en partenariat avec des producteurs locaux qui ont une pratique biologique ou qui sont en conversion. Nous proposons chaque semaine aux 1.400 adhérents des 30 groupes marseillais un panier de légumes bio de saison cueillis le matin. Ça représente environ 5.000 personnes. » (...)
Dans les quartiers nord, c’est « opération solidarité » : une trentaine de ménages peut bénéficier d’un panier bio chaque semaine à moindre coût — 3 euros par panier pour un prix coûtant de 15 euros — grâce à un partenariat entre le Secours populaire, les Paniers marseillais et Willie, le maraîcher bio, qui a commencé son activité il y a cinq ans et qui distribue dans ce quartier depuis le début de l’initiative, en avril 2018 (...)
Le but est que les gens apprécient les produits et qu’ils changent leur regard sur l’alimentation. Clairement, le chemin est long. Après un an, on sent que ça évolue un peu mais j’ai encore des interrogations : par exemple, est-ce qu’ils se posent des questions sur les produits qu’ils continuent d’acheter au supermarché ? » (...)
« La solidarité, c’est aussi se déplacer, rencontrer l’agriculteur et participer à la distribution. Ici, les responsables d’antenne du Secours populaire viennent chercher les paniers et les distribuent à leurs voisins bénéficiaires. Tous les habitants ne viennent pas et c’est problématique, même si on comprend les difficultés de transport », dit la trésorière de la fédération du Secours populaire. (...)
Willie fait partie de ces néopaysans qui ont choisi de cultiver la terre avec une vision systémique de leur pratique : « Après une licence en sciences de la mer et de l’environnement, je me suis posé la question de comment je voulais vivre plutôt que ce que je voulais faire. En étant maraîcher, je me sens libre, même si je dois travailler dur. Distribuer en circuit court crée du lien, c’est vivant et différent de simplement déposer des cagettes pour qu’elles soient vendues en supermarché. »
Ce jeune maraîcher souriant et humble a une approche qu’on pourrait qualifier de militante pour une société respectueuse de l’environnement et du vivant (...)
Dans le beau parc arboré de la mairie des 6e et 8e arrondissements de Marseille, changement d’ambiance et d’univers culturel. Pour cette deuxième distribution du mardi, Willie installe les légumes et les adhérents de l’association Bag à bio se servent eux-mêmes. Le mot d’ordre ici, c’est autogestion. Même les minots mettent la main aux légumes ! (...)
En quelque sorte, Willie joue le rôle de trait d’union entre les habitants d’un même quartier, mais aussi, et surtout, entre des quartiers où l’écart de niveau de vie entre populations est abyssal.