
"Nous occupons actuellement certains des nombreux bâtiments de la ville de Calais qui restent vides et gaspillés pendant que les gens dorment dans les rues", ont annoncé lundi 7 février ces militants, regroupés sous le nom de "Calais logement pour toustes".
(...) Aucun exilé ne serait pour l’heure présent dans ces lieux, le temps qu’ils soient "stabilisés", indique à InfoMigrants une membre de ce collectif qui invoque "le droit au logement". Selon les associations, environ 1 500 migrants dorment actuellement dehors à Calais.
"Assiégés"
Mais depuis mardi, l’ouverture du squat dans la barre d’immeuble se heurte à une forte présence policière. Les forces de l’ordre, alertées par le déploiement d’une banderole sur le bâtiment occupé, sont désormais postées au pied de cet immeuble, selon les personnes sur place. Ces dernières décrivent une "réponse démesurée" et affirment être "assiégées".
"La police nous a encerclés au 13 rue d’Ajaccio. Ils ne laissent entrer personne, ni eau, ni nourriture, ni matériel", ont-ils tweeté. "Ils ont coupé l’électricité, que nous avions rétablie, et coupé l’accès à l’eau", ajoute encore la membre du collectif, qui préfère garder l’anonymat. "Ceux qui sont à l’intérieur peuvent sortir mais à condition de se plier à un contrôle d’identité." (...)
des squats, pour certains abritant plus de 250 personnes, existaient il y a encore quelques années à Calais. Mais en 2014, les migrants qui y vivaient ont été sommés de quitter les lieux pour aller s’installer dans la "jungle", démantelée deux ans plus tard. Depuis, les migrants survivent dans des campements sauvages qui sont, ces dernières années, démantelés tous les deux jours. (...)
"On en a marre que les gens se fassent expulser toutes les 48 heures, c’est insupportable, c’est totalement inhumain et dégradant", s’insurge Laure, juriste pour l’ONG Human Rights Observers, justifiant le recours par les militants à une tentative d’ouverture de squat.
Une tentative de la dernière chance : cet hiver, la préfecture n’a pas activé, contrairement aux autres années, le plan Grand froid qui permet d’ouvrir des hébergements d’urgence à Calais pour y loger les migrants vivant dans des campements. Les autorités ont justifié cette mesure par le renforcement "des propositions de mises à l’abri" pour orienter les exilés "vers les centres d’hébergement situés hors de Calais". Laissant ainsi à la rue les nombreux exilés qui souhaitent rester dans les environs de Calais.
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Calais : occupation et appel à soutien
Depuis le vendredi 4 Février, nous occupons un bâtiment Rue d’Ajaccio, inhabité depuis 1 an. Cette occupation est intervenue dans le cadre de la commémoraction, une journée de mobilisation internationale à l’initiative des familles et des proches des personnes décédées aux frontières pour dénoncer les politiques migratoires meurtrières du Royaume-Uni, de la France et de l’UE.
À Calais, environ 1500 personnes (sur)vivent dans la rue dans des conditions de vie inacceptables. Les personnes exilées occupent des terrains vagues et n’ont pas accès aux services de première nécessité : logement, assainissement, eau, nourriture et soins médicaux. L’État impose des conditions d’extrême précarité et d’invisibilisation par des expulsions illégales toutes les 48 heures, des vols d’effets personnels par la police, des démantelements illégaux sans possibilité de se défendre devant un juge, des violences policières récurrentes. Les gouvernements français et britanniques, Natacha Bouchard et tous leurs amis, ont délibérément transformé une question politique en crise humanitaire, maintenant les personnes qui veulent passer la frontière dans une situation de survie.
Mais les exilé.e.s ne sont pas les seul.e.s, à connaître la précarité et l’absence d’accès au logement dans le Calaisis. L’ensemble de la cité auquel le bâtiment appartient est destiné à être expulsé puis détruit. Tandis que certain.e.s dont celles.ceux du bâtiment que nous avons occupé en ont déjà été expulsés, d’autres s’opposent encore à leur expulsion en l’absence d’une quelconque proposition de la part de la mairie. C’est dans ce contexte que, lorsque lundi 7, les premier.e.s policier.e.s sont venus, de nombreux.euses voisin.e.s sont venu.e.s manifester leur soutien à l’occupation. Nous avons ainsi pu exprimer notre refus du discours de la guerre entre pauvres. Ne nous laissons pas diviser : Français.e.s ou étranger.e.s, avec ou sans papiers, un toit est un droit. Par ailleurs, la police a refusé, a plusieurs reprises, de voir les preuves d’occupation. (...)
Nous demandons à toute personne solidaire des personnes à la rue et des personnes bloquées à la frontière, à toute personne qui croit au droit au logement à venir nous aider à défendre les bâtiments que nous occupons ! (...)
Calais : occupation et appel à soutien https://t.co/eeeHY6aBuh
— Médias Libres (@mediaslibres) February 10, 2022