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l’Humanité
4e vague du Covid : les urgences lancent un SOS
Article mis en ligne le 28 juillet 2021

Du jamais-vu. Au moment où la quatrième vague du Covid s’abat sur le pays, chaque jour, un service d’urgences lance un SOS de détresse. Que ce soit à Sarlat, à Saint-Nazaire, à Martigues ou encore à Falaise, de mémoire de médecins et d’infirmiers, le manque d’effectifs n’a jamais été aussi grave, entraînant jusqu’à des fermetures temporaires de jour comme de nuit.

Plus d’un an après le Ségur de la santé, la fuite des personnels s’est accélérée dans l’hôpital public et son attractivité reste au point mort. Alors que le contrôle du passe sanitaire dans les établissements de santé coûterait 60 millions d’euros par mois selon la Fédération hospitalière de France (FHF), les soignants exhortent plutôt le ministre de la Santé de mettre des moyens afin d’assurer la continuité de l’offre de soins. Une nécessité avant que les dernières bonnes volontés ne se décident à mettre les voiles. (...)

Sarlat. Un été sur le fil du rasoir

En Dordogne, on frôle la catastrophe. Faute d’urgentistes disponibles, le service du centre hospitalier Jean-Leclaire de Sarlat pourrait fermer deux jours en août. Si le préfet exige le maintien de l’ouverture, c’est que, sur le territoire réputé pour ses châteaux cathares, la population est multipliée par six en période estivale. « On a touché le fond. C’est la pire situation en vingt ans », assure Dominique Lasserre, élu CGT au CHSCT de la structure, qui compte 530 agents. Un CHSCT extraordinaire s’est d’ailleurs tenu pour organiser le travail en mode dégradé une partie du mois prochain. (...)

Dans ce petit hôpital qui a déjà perdu sa réanimation et une partie de sa chirurgie, une fermeture des urgences, même temporaire, fait craindre le pire. La direction a pourtant le feu vert de l’agence régionale de santé (ARS) pour recruter des praticiens. Mais les intérimaires ne se bousculent pas, malgré les rémunérations plutôt alléchantes. « Ils n’ont pas intérêt à avoir un poste fixe, déplore Dominique Lasserre. Ils peuvent être payés 1 500 euros la garde. Ça peut monter à 3 000 euros et bien plus et bien plus encore en juillet et en août ! »(...)

Saint-Nazaire.
La précarité en accusation

Le 22 juillet, la direction de l’hôpital de Loire-Atlantique annonçait sur France Bleu que les urgences étaient saturées avec 230 passages par jour. Dans le viseur : le manque de lits d’aval d’hospitalisation et une activité touristique en hausse en juillet. Mais pas seulement. Alors que de nombreux soignants postulaient jusqu’ici à Saint-Nazaire, la tendance s’est inversée. « On a des difficultés de recrutements que l’on ne connaissait pas avant le Covid, constate Fabien Paris, infirmier dans le service et membre du Collectif Inter-Urgences. Les conditions de travail sont merdiques. (...)

Comme partout, la précarisation des infirmiers et aides-soignants a aussi fait son œuvre : « Nous sommes passés de six ans d’expérience avant d’être titularisés pour les CDD à trois ans, mais c’est encore trop long ! Ce temps n’incite pas à intégrer la fonction publique. Nous avons aujourd’hui épuisé les stocks des gens sur le marché. Nous devons recruter en sortie d’écoles », rappelle-t-il. D’autant que la campagne vaccinale contre le coronavirus mobilise un nombre conséquent de personnels. (...)

« Des agents ne veulent pas du tout se vacciner et sont même prêts à quitter leur travail » (...)

Falaise.
Déshabiller Pierre pour habiller Paul

Michèle (1), médecin urgentiste, a dû déserter ses deux services. À la tête des soins critiques et de l’unité d’hospitalisation de courte durée du centre hospitalier de Falaise, elle a prêté main-forte deux semaines aux urgences faute de bras suffisants. Une première en quinze ans (...)

Du 20 au 21 juillet, les urgences ont même été fermées la nuit. Six patients ont été aiguillés ailleurs. Dans la petite commune fortifiée du Calvados, à 40 kilomètres de Caen, 4,2 postes d’urgentistes sont pourvus sur 9, soit à peine la moitié des besoins.

Les interrogations se font jour : « Pourquoi les remplaçants habituels ne veulent-ils plus venir ? Les soignants ont-ils été trop dégoûtés par la pandémie ? Y a-t-il toujours des problèmes budgétaires ? Il y a aussi une crise de sens » (...)

En attendant, l’autoremplacement bat son plein en interne. (...)

«  On ne peut passer que douze à treize minutes par patient, glisse la praticienne. Nous aurions besoin d’un deuxième médecin. Si le recrutement n’arrive pas, je chercherai un autre poste. Je suis en situation de demi-départ. »
Martigues.
Alerte rouge déclenchée au Smur

L’angoisse est palpable. La touristique Côte bleue risque bientôt de se retrouver dans une situation sanitaire très délicate. Alors que la deuxième ligne du Smur de Martigues (Bouches-du-Rhône) n’a plus de médecin depuis plus d’un an, c’est la première qui devrait à son tour s’arrêter dix jours en août, également faute de praticiens. (...)

« En huit ans, je n’ai jamais vu ça. S’il n’y a pas de Smur, ça veut dire qu’il n’y a pas non plus de renfort pour les urgences. Nous sommes deux fois moins en équivalent temps plein que d’habitude. Onze infirmiers sont en arrêt maladie dans ce service. Certains ont fait énormément d’heures supplémentaires et atteignent la limite. Depuis la grève des urgences en 2019, nous n’avons eu aucune vraie création de postes ni lits supplémentaires. »

Si l’inquiétude se renforce de jour en jour, c’est que le nombre de patients atteints du Covid commence à monter crescendo. (...)

« On est tous au taquet du taquet. On ne peut pas donner plus. La crise sanitaire n’a rien changé alors que c’était le meilleur moment pour tout remettre à plat. J’envisage de partir pour avoir une autre qualité de vie. »