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« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde », une phrase intenable
#migrations #France #accueil
Article mis en ligne le 10 octobre 2023

Pierre Tevanian est l’auteur avec Jean-Charles Stevens du livre « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. En finir avec une sentence de mort ». Il revient sur cette expression qui sert à clore le débat, et s’alarme de la dérive xénophobe du débat public sur l’immigration.

En réponse à Emmanuel Macron, le philosophe propose de déconstruire cette expression popularisée par Michel Rocard et s’inquiète de l’état du débat public à la veille du débat sur la loi asile et immigration.

Ce dimanche 24 septembre, lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a répondu au Pape en disant que les États ne doivent pas rester indifférents face au sort des migrants, mais qu’on ne peut pas « accueillir toute la misère du monde ». En quoi cette expression qu’on entend depuis plus de 30 ans est-elle une « sentence de mort » ? (...)

Pierre Tevanian : Il y a énormément de raisons de détester cette phrase et d’y voir une sentence de mort. Le choix du verbe pouvoir, le choix du verbe accueillir, le choix d’hyperboliser avec le terme « toute » et enfin, le choix de réduire les arrivants à de la misère qu’il faudrait absolument prendre en charge. Tout est contestable et c’est documenté par des recherches dans le monde entier depuis des décennies. C’est une phrase intenable dès qu’on prend une heure de temps pour se documenter en considérant que c’est quelque chose de sérieux puisqu’on parle de vie et de mort. Le simple fait de se contenter d’une sentence de dix mots révèle une frivolité problématique qui montre qu’on n’en a rien à faire de ces milliers de morts, 5 000 de plus aux abords de l’Europe, rien que sur la dernière année, morts. (...)

Cet énoncé sert à clore le débat avant de l’avoir ouvert (...)

À peine le débat ouvert par le pape, il a fallu le refermer. Il y a une omerta dans le débat politique entre les partis de gouvernement où il est entendu qu’on ne doit pas l’ouvrir. (...)