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"Sont-ils encore en vie ?" : en Méditerranée, le phénomène des "bateaux fantômes" prend de l’ampleur
#migrants #sauvetage #Mediterranee #naufrages
Article mis en ligne le 20 janvier 2024
dernière modification le 19 janvier 2024

Depuis plusieurs jours, l’ONG Sea-Watch est à la recherche d’une embarcation chargée de migrants. Repéré le 15 janvier par son avion de surveillance Sea Bird, le canot et ses passagers restent introuvables. Comme de nombreux "bateaux fantômes" avant lui, qui disparaissent en Méditerranée sans laisser de traces.

"Personne ne sait où ils se trouvent". Depuis un peu plus de 24h, l’inquiétude grandit pour les passagers d’une embarcation surchargée repérée en mer Méditerranée. Sur une photo prise le 15 janvier par l’avion de surveillance Sea Bird, on aperçoit le canot perdu dans l’immensité de la mer, "dans de fortes vagues". Il reste, depuis, introuvable. "On se demande : sont-ils encore en vie ?"

(...) Le 13 janvier également, la plateforme d’aide aux migrants en mer Alarm Phone alertait, sans savoir s’il s’agissait du bateau repéré par Sea Bird : "Hier matin, nous avons perdu le contact avec un bateau en détresse transportant entre 36 et 45 personnes en direction de Lampedusa", peut-on lire sur le même réseau social. "Les autorités ont été alertées mais ne donnent aucune information, et nous n’avons pour l’instant aucune nouvelle de leur arrivée sur l’île italienne". D’après le journaliste italien Sergio Scandura, Frontex - l’agence de surveillance des frontières européennes - et les autorités italiennes ont cherché ce jour-là le bateau et ses 40 passagers pendant 17 heures, dès 3h30 du matin. Sans succès.

Deux jours plus tard, la plateforme déplorait n’avoir toujours "aucune nouvelle des personnes disparues qui se sont échappées de Libye à bord d’un bateau en bois [...] Des proches inquiets nous appellent et ont un besoin urgent de réponses !".

Sombrer sans laisser de traces (...)

Les ONG alertent régulièrement sur ces "bateaux fantômes", des embarcations avec lesquelles les ONG perdent le contact. (...)

D’après Maurice Stierl, coordinateur d’Alarm Phone, "il arrive que ces embarcations retournent en Tunisie ou en Libye, ou arrivent en Europe sans que nous le sachions". "Lorsque le contact avec les bateaux est rompu, cela ne signifie pas forcément que les gens disparaissent", avance-t-il.

Certains en revanche grossissent les chiffres des "naufrages invisibles", quand les embarcations partent, n’appellent pas à l’aide, et sombrent en mer sans laisser de trace, et sans que personne ne le sache.

"On laisse la zone déserte"

Depuis un an et l’entrée en vigueur du décret Piantedosi, le phénomène des "bateaux fantômes" s’est accentué. Cette loi, du nom du ministre de l’Intérieur italien, oblige les navires d’ONG à rejoindre sans délai le port de débarquement assigné par les autorités italiennes après un premier sauvetage. (...)

À cause de ce décret, plusieurs bateaux ont été immobilisés par Rome en 2023, certains plusieurs fois. "On est de moins en moins opérationnelles, et perpétuellement en prise avec ce dilemme : suivre à tout prix les ordres de Rome, ou respecter le droit maritime international qui nous oblige à secourir toute embarcation en détresse, avait expliqué Soazic Dupuy, directrice des opérations de SOS Méditerranée. C’est usant et surtout, incompatible avec notre mission". (...)