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"Le livre de la honte" : des migrants dénoncent dans un ouvrage les manquements du HCR en Libye, en Tunisie et au Niger
#Libye #Tunisie #Niger #HCR #maltraitances #migrants #immigration
Article mis en ligne le 24 septembre 2025
dernière modification le 19 septembre 2025

Lancé le 12 septembre à Genève, l’ouvrage "Le livre de la honte" pointe, à travers des centaines de témoignages de migrants, "l’abandon" par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) de ces populations vulnérables en Libye, en Tunisie et au Niger. Des attaques que réfute l’agence onusienne rappelant que c’est aux États concernés qu’incombe "la responsabilité première de protéger les migrants".

C’est un premier ouvrage du type. "Le livre de la honte : comment le HCR manque à son devoir de protection des réfugiés en Libye, en Tunisie et au Niger", lancé le 12 septembre à Genève, dénonce les abus supposés du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) en Libye, en Tunisie et au Niger à l’encontre des réfugiés.

Trois collectifs militants - Refugees in Libya, Refugees in Niger, Refugees in Tunisia - ont rédigé ensemble cet ouvrage de 134 pages en s’appuyant sur une centaine de témoignages recueillis entre avril 2024 et septembre 2025 auprès de migrants dans les centres de détentions libyens, en Tunisie ou encore dans un centre onusien au Niger.

"Le livre de la honte" dresse ainsi un tableau implacable de "l’incapacité du HCR à protéger les réfugiés", sur sa "collaboration avec les politiques européennes de confinement", "le silence imposé aux réfugiés" et "la répression des manifestations de réfugiés à travers l’Afrique du Nord", indique le communiqué de lancement. (...)

"Nous demandions l’évacuation, ils nous ont donné des biscuits"

Le document pointe en premier lieu la "trahison du mandat de protection" des demandeurs d’asile et réfugiés dévolus au HCR. À travers les témoignages, l’Agence des Nations Unies est ainsi accusée de "négligence" et "d’abandon".

"Nous demandions l’évacuation, ils nous ont donné des biscuits", rapporte un exilé, coincé en Libye et cité dans le livre.

Le HCR, qui n’a pas été contacté en amont de la publication du livre, a réagi auprès d’InfoMigrants. Son mandat, rappelle-t-il, consiste à apporter une aide d’urgence dans ces pays. "C’est aux États qu’incombe la responsabilité première de protéger (les migrants)", indique un des porte-parole de l’ONU. La mission du HCR est "limitée par les conditions difficiles en matière de sécurité et de protection, ainsi que par la crise mondiale du financement".

L’agence précise toutefois se montrer "solidaire des réfugiés et des demandeurs d’asile qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles en Libye, en Tunisie et au Niger (...)". L’Agence continue à "plaider auprès des autorités pour garantir l’accès à l’asile et à la protection aux personnes contraintes de fuir, ainsi qu’un meilleur accès des acteurs humanitaires aux populations dans le besoin".

Et de continuer : "Notre réponse, adaptée en étroite consultation avec les réfugiés, consiste à plaider en faveur de la libération des réfugiés détenus et à prévenir les refoulements, à rechercher des solutions durables, notamment en organisant des vols d’évacuation hors de Libye, et à fournir une aide essentielle aux plus vulnérables, notamment en matière de logement, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, d’accès à l’éducation et aux soins de santé, de protection des enfants et de soutien financier pour couvrir les besoins fondamentaux".

"Enfer fabriqué"

Un argumentaire qui peine à convaincre des migrants qui reprochent à l’agence sa passivité face aux drames qui se déroulent sous ses yeux, notamment en Libye. "Le HCR évite toute critique des états hôtes ou de l’Union européenne (UE) pour préserver son financement", déplore le texte. (...)

Pour les interrogés, le HCR "assiste sans protéger" les personnes vulnérables, en distribuant des kits d’hygiène ou des couvertures dans les centres de détention - mais sans participer à la libération des migrants retenus arbitrairement. (...)

Même constat en Tunisie. (...)

Les collectifs blâment également l’inaccessibilité de l’ONU : rendez-vous impossibles à prendre, lignes téléphoniques muettes, absence de suivi dans les enregistrements ou encore délais de traitement qui s’étendent sur des années. Les témoignages compilés mettent à jour un "système institutionnalisé d’abandon". (...)

Pire, le livre évoque une "répression" menée par le HCR à l’encontre des migrants. Au Niger notamment. Les protestations en cours depuis 2024 au sein du camp d’Agadez ont donné lieu à des coupures d’eau, des privations de nourriture - via l’arrêt des distributions alimentaires. (...)

Silence et complicité

Un chapitre de l’ouvrage s’attarde également sur le rôle du HCR qui transforment les centres de transit en lieux de confinement et servent de "barrière à la migration vers l’Europe".

"Nous accusons le HCR de nous retenir ici depuis 2017 au nom de l’humanitarisme, tout en nous refusant toute solution", dénonçait dans une déclaration collective les exilés du centre d’Agadez. Celui-ci compte des milliers de migrants bloqués sans solution au Niger. (...)