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Deux jours après sa déclaration de politique générale, François Bayrou a survécu jeudi à sa première motion de censure, déposée par La France insoumise et signée par Les Écologistes et le Parti communiste. Le Parti socialiste et le Rassemblement national ayant choisi de ne pas soutenir cette initiative, seuls 131 députés ont voté la censure, bien loin des 288voix requises pour renverser le gouvernement.
Le gouvernement de François Bayrou a fait face, jeudi 16 janvier, à une première épreuve avec l’examen à l’Assemblée nationale d’une motion de censure. Celle-ci a largement été rejetée, seuls 131 députés l’ayant soutenue.
Dans le détail, ont voté la censure les 71 députés insoumis, 36 des 38 députés écologistes, 16 des 17 députés communistes et également huit des 66 députés socialistes, malgré le choix du Parti socialiste de se désolidariser des autres partis du Nouveau Front populaire. (...)
Nommé il y a trois semaines, le Premier ministre n’a pas demandé la confiance des députés mardi après sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Comme son prédécesseur, il y est privé de majorité.
En retour, les élus de La France insoumise, qui ne cessent de réclamer la démission d’Emmanuel Macron, ont déposé une motion de censure – la 150e de la Ve République. Le texte était également signé par des députés communistes et écologistes. (...)
Après de longues discussions parfois houleuses et moult tergiversations, le Parti socialiste a pris la décision, lors d’un bureau national, de ne pas voter cette censure. "Nous ne censurons pas aujourd’hui mais ce n’est pas un accord de non-censure, c’est insuffisant. Ce gouvernement est en sursis", a déclaré jeudi le député Arthur Delaporte. Le PS reste "dans l’opposition" mais est "ouvert au compromis", a ensuite affirmé dans l’hémicycle son premier secrétaire Olivier Faure, prévenant également qu’un changement d’avis des socialistes sera "possible à tout moment".
Le chef de file des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a fustigé sur X une décision qui "fracture" l’alliance de gauche. (...)
Le Premier ministre a accepté quelques concessions : outre l’annonce faite lors de son discours mardi d’un "conclave" de trois mois entre partenaires sociaux pour réviser la réforme des retraites, et celle mercredi sur l’abandon de la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, François Bayrou a aussi accepté, dans un courrier envoyé jeudi aux socialistes, d’abandonner le passage d’un à trois jours de carence pour les fonctionnaires en cas d’arrêt maladie et de maintenir le projet de taxe sur les hauts revenus.
"Les règles du jeu sont pipées"
Les socialistes ont fait pression sur le Premier ministre jusqu’au dernier moment. "Le compte n’y était pas à l’Assemblée nationale, ni hier, ni encore aujourd’hui", avait mis en garde mercredi le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner, alors que François Bayrou venait d’annoncer qu’il soumettrait un nouveau projet de loi sur les retraites au Parlement en cas de "progrès" entre les partenaires sociaux, et même "sans accord général" (...)
Mais pour la cheffe des écologistes, Marine Tondelier, sur ce dossier, "les règles du jeu sont pipées" car "l’Assemblée nationale ne pourra se prononcer que ce sur quoi le Medef est d’accord".
La numéro un de la CFDT Marylise Léon a cependant estimé dans Libération qu’une "opportunité inédite s’ouvre" sur les retraites. Une intersyndicale se tiendra jeudi pour préparer la première réunion vendredi à Matignon. (...)
Ce premier test passé, les esprits sont désormais tournés vers les échéances décisives des budgets de l’État et de la sécurité sociale. Le gouvernement espère achever la procédure budgétaire d’ici fin février pour que le pays puisse retrouver son cours normal de fonctionnement au 1er mars. (...)