
Alors que le monde bascule, les gauches se disputent des parts de marché, quand elles ne se lancent pas des noms d’oiseaux à la tête. Pour gagner, elles n’ont pourtant d’autre choix que de s’accorder et de conforter le cadre du Nouveau Front populaire, en l’ouvrant.
Exaspérant ! Le monde bascule. Trump et Poutine mènent une bataille civilisationnelle. L’Europe vacille, la guerre à ses portes. Dans l’Hexagone, les tenants de la haine absolue envers les jeunes, les femmes, les étrangers, les pauvres, les syndicalistes, les écologistes, les artistes – l’extrême droite, celle-là même qui poignarde des militants antifascistes en criant « Paris est nazi » – sont aux portes du pouvoir. Un pouvoir qui leur est désormais acquis aux quatre coins du monde, de l’Argentine à l’Italie en passant par les États-Unis, la Hongrie, la Finlande ou les Pays-Bas. La biodiversité, condition de notre survie, meurt à petit feu. La planète crève de nos abondantes et incessantes activités (...)
Et que font les gauches françaises ? Elles se disputent des parts de marché. Qui sera le plus opposé au gouvernement de François Bayrou ? Qui votera le plus de censures – oubliant par là qu’une censure ne peut être adoptée qu’en additionnant les voix desdits tenants de la haine absolue ? Qui est légitime pour appartenir au Nouveau Front populaire ou pas – comme si les uns ou les autres, celles et ceux qui ont participé à l’élaboration du programme commun, étaient de trop quand la gauche pèse moins d’un électeur sur trois ? En somme, qui sera le plus à gauche ? Et, surtout, qui sera le plus imposant, le plus important, le premier sur le podium ? (...)
Mesdames et Messieurs, voici la gauche la plus bête du monde. La plus conne aussi ! Qu’il est insupportable et désespérant de voir les uns et les autres s’invectiver, chaque jour, à coups de posts savamment pensés pour être les plus incisifs et les plus insultants, comme il est de coutume sur X. Et, surtout, pour être assuré de faire les gros titres des chaînes d’info en continu qui en font leurs choux gras. Tous ne jouent pas dans la même catégorie, il est vrai. (...)
Bien sûr, la question de qui donne le ton à gauche, c’est-à-dire qui donne la ligne, est essentielle, alors que se joue la question de l’alternative à la Macronie, à court ou moyen termes. Bien sûr que la question de la radicalité du fond importe. Les décennies de social-démocratie en Europe comme en France ont conduit la gauche à sa perte. Et à ses défaites successives. Faire du neuf avec du vieux, non. Le retour de François Hollande, non. En tout cas pas comme leader d’une gauche soi-disant renouvelée. Le retour de Jean-Luc Mélenchon, pas plus. Après tout, il le dit lui-même : « Faites mieux ! » (...)
Alors, que faire ? Déjà, maintenir le cadre du Nouveau Front populaire. Pas en le délestant de ses supposés « traîtres » mais en le confortant, et en l’ouvrant plus encore. (...)
Pour gagner, les gauches, du Nouveau Parti anticapitaliste au Parti socialiste – dans toute sa diversité –, des Écologistes aux communistes, en passant par l’Après, les insoumis jusqu’à Place publique, sont condamnées à s’entendre. Faites mieux !