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« Sans cap, comment avancer ? » L’angoisse des ONG écologistes après la chute du gouvernement
#ONG #ecologie #budget
Article mis en ligne le 6 décembre 2024
dernière modification le 5 décembre 2024

La fin du gouvernement Barnier permet de mettre un terme aux attaques contre l’écologie. Mais elle ouvre une période de grand flou, s’inquiètent les ONG écologistes contactées par Reporterre.

Trois petits mois à peine. Nommé Premier ministre le 5 septembre 2024, Michel Barnier et l’ensemble de son gouvernement ont été censurés par l’Assemblée nationale le 4 décembre. Un vote qui les oblige constitutionnellement à démissionner — et qui fait de l’homme de 73 ans le plus éphémère locataire de Matignon de l’histoire de la Ve République.

Ce trimestre à la tête du pays, marqué du sceau de l’austérité et des coupes budgétaires, lui aura laissé le temps d’enclencher une politique écologique extrêmement décriée pour son manque d’ambition, voire ses régressions inquiétantes. Pour les associations écologistes, toutefois, la situation est ambivalente. Si la motion de censure permet de couper court aux attaques en règle contre l’écologie, elle ouvre une nouvelle période d’incertitude. Alors même que l’urgence climatique et l’état de la biodiversité devraient imposer une accélération de la planification écologique. (...)

Coup d’arrêt bienvenu aux politiques anti-écologiques

Côté positif, donc, l’abandon de la « saignée » promise aux budgets des politiques écologiques. Le projet de loi de finances pour 2025, qui est suspendu à cause de la chute du gouvernement, tranchait à la hache dans de nombreuses mesures climatiques (...)

Autant de « coupes scandaleuses et préjudiciables à la transition écologique » pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. (...)

Ces politiques de stop and go permanentes sont un très mauvais signal envoyé aux acteurs de la transition », ajoute Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat. (...) (...)

On ne regrettera pas non plus le départ de Michel Barnier chez le WWF France, qui déplore le désintérêt total pour les enjeux de biodiversité de la part de l’équipe sortante. (...)

« Toutes ces mesures de régression environnementale vont être stoppées », se réjouit donc Cécile Claveirole, vice-présidente de France Nature Environnement. À la longue liste des griefs, elle ajoute l’intention du gouvernement démissionnaire de diminuer de pas moins de 72 % le budget alloué au Pacte pour les haies, une végétation pourtant cruciale pour la biodiversité, l’eau et la résilience de l’agriculture.

La crainte du gel des budgets (...)

Les ONG redoutent notamment les nouveaux retards sur les textes cadres nécessaires à la planification écologique. La nouvelle stratégie nationale bas carbone (SNBC), la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) ont tous déjà accumulé des mois de retard, délétère pour l’adaptation comme pour l’atténuation du changement climatique. (...)

« Quelle que soit l’issue du vote de ce soir, les consultations PNACC, PPE et SNBC se poursuivent jusqu’à leur terme », voulait rassurer le 4 décembre le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Écologie en partance. Mais, au-delà de ce processus de consultations publiques, « on ne pourra avoir aucun décret d’application avec un gouvernement démissionnaire. Un nouveau gouvernement peut mettre plusieurs mois à arriver. Et quid de l’hypothèse qu’on reste avec un gouvernement démissionnaire pendant plus de six mois, jusqu’à une prochaine dissolution ? Sans cap, on ne pourra pas avancer, alors que la transition ne peut pas attendre », s’inquiète Anne Bringault. (...)

Autre grand flou : en attendant une éventuelle nouvelle équipe gouvernementale, et le vote d’un nouveau budget, l’hypothèse de la reconduction automatique du budget 2024 permettrait-elle vraiment de reconduire tous les budgets des politiques écologiques ? Le gouvernement pourrait être autorisé par la loi à débloquer les crédits essentiels au bon fonctionnement des services publics, comme l’explique le média Contexte, mais ceux dédiés à la transition écologique pourraient être gelés.

Le caractère inédit de la situation rend ses implications juridiques et politiques incertaines. Toutes les associations écologistes contactées avouent n’avoir aucune idée de la réalité d’un tel risque de blocage des fonds publics. « On entend tout et n’importe quoi sur le sujet, avec aussi une volonté de faire peur », se méfie Cécile Claveirole.

Une rupture du dialogue depuis plus d’un an (...)

Les coupes budgétaires drastiques, actées et annoncées, dans les subventions, fragilisent dangereusement de nombreuses associations environnementales sur le terrain. (...)

« On n’attend plus rien d’Emmanuel Macron. C’est lui qui choisira le futur Premier ministre et lui fixera une feuille de route », dit également Jean-François Julliard, de Greenpeace France. « Aujourd’hui, notre mobilisation doit se concentrer sur le terrain, au plus près des territoires plutôt qu’à Matignon. »