
La fonte des glaciers, tant au niveau des pôles qu’en montagne, participe à la montée du niveau des mers et à la multiplication de phénomènes naturels dangereux. Derrière ces phénomènes, une mécanique invisible mais implacable : l’eau s’infiltre sous la glace, forme des poches d’eau sous-glaciaires dont le risque de vidange menace les populations en contrebas. Ces vidanges amplifient également le glissement des calottes glaciaires et menacent leur stabilité à court terme.
Il est désormais établi que la fonte des glaciers de montagne et des calottes glaciaires, en surface, s’accélère sous l’effet du réchauffement climatique. Mais saviez-vous que, en parallèle, un réseau de rivières et de lacs se déploie sous les épaisses couches de glace, contribuant à les déstabiliser et à augmenter considérablement le risque de catastrophes naturelles ? (...)
L’eau sous les glaciers, un lubrifiant naturel
Tel un gigantesque tapis roulant, les glaciers transfèrent continuellement de la glace de l’intérieur vers la périphérie à des vitesses comprises entre quelques dizaines de mètres et quelques kilomètres par an. Ce transfert découle principalement de la gravité : la glace est un liquide très visqueux qui s’écoule sous l’effet de son poids et de la pente.
Mais sous la glace, d’autres mécanismes capables d’accélérer ce déplacement peuvent s’activer, notamment lorsque l’eau de fonte générée en surface par le réchauffement de l’air s’infiltre à travers le réseau de crevasses. Ce faisant, elle « lubrifie » l’interface entre la glace et le sol. (...)
Cette eau, sous pression du fait de la masse de glace qui repose au-dessus, diminue les frottements. Tout se passe alors comme si les glaciers faisaient du « ventriglisse » sur le lit de roches et de sédiments sous-jacent.
Des millions de kilomètres cubes de glace voient dès lors leur vitesse de transit accélérer (...)
Cette eau, sous pression du fait de la masse de glace qui repose au-dessus, diminue les frottements. Tout se passe alors comme si les glaciers faisaient du « ventriglisse » sur le lit de roches et de sédiments sous-jacent.
Des millions de kilomètres cubes de glace voient dès lors leur vitesse de transit accélérer (...) (...)
Lorsqu’ils atteignent leur trop plein, la pression est telle que l’eau peut soulever le glacier ou rompre les barrages de glace. De quoi provoquer la vidange brutale de millions de mètres cubes d’eau, à l’image du siphon d’une baignoire que l’on retirerait d’un seul coup.
Cette vidange n’est pas sans conséquence : elle est à l’origine de l’accélération transitoire de l’écoulement de glace (lié à l’effet « ventriglisse » évoqué plus haut), mais aussi des avalanches de glace (dislocation et effondrement des glaciers) et des débâcles glaciaires pouvant déclencher des phénomènes de lave torrentielle. (...)
Des vidanges soudaines et imprévisibles
Ce point d’équilibre a été franchi le 12 juillet 1892 lorsqu’un lac situé sous le glacier de Tête-Rousse, dans le massif du Mont-Blanc, a déversé quelque 200 000 m3 d’eau dans la vallée de Saint-Gervais, charriant près d’un million de mètres cubes – soit de quoi remplir 400 piscines olympiques ! – de sédiments, de blocs et d’arbres déracinés sur son trajet.
De la lave torrentielle, bien connue des montagnards, déferle alors sur Saint-Gervais laissant peu de chances aux habitants du village : 175 ont disparu dans la catastrophe. L’histoire s’est répétée en juin 2024 avec la disparition partielle du hameau de la Bérarde, dans le massif des Écrins. (...)
Ce point d’équilibre a été franchi le 12 juillet 1892 lorsqu’un lac situé sous le glacier de Tête-Rousse, dans le massif du Mont-Blanc, a déversé quelque 200 000 m3 d’eau dans la vallée de Saint-Gervais, charriant près d’un million de mètres cubes – soit de quoi remplir 400 piscines olympiques ! – de sédiments, de blocs et d’arbres déracinés sur son trajet.
De la lave torrentielle, bien connue des montagnards, déferle alors sur Saint-Gervais laissant peu de chances aux habitants du village : 175 ont disparu dans la catastrophe. L’histoire s’est répétée en juin 2024 avec la disparition partielle du hameau de la Bérarde, dans le massif des Écrins. (...)