
Saisie par la municipalité suite à de nombreuses manifestations anti-immigration survenues depuis fin juillet, la justice britannique a ordonné mardi à un hôtel situé près de Londres de cesser temporairement d’héberger des demandeurs d’asile. Une décision qui pourrait lourdement impacter le système d’asile britannique.
C’est un coup dur pour la politique d’asile du gouvernement britannique. Ce mardi, la justice a ordonné à l’hôtel Bell d’Epping, au nord de Londres, de suspendre l’accueil des demandeurs d’asile.
La Haute Cour britannique avait été saisi par la municipalité suite à des manifestations anti-immigration régulières depuis fin juillet. Ainsi, le juge Stephen Eyre de la Haute Cour de Londres a indiqué mardi que les demandeurs d’asile logés à l’hôtel Bell avaient jusqu’au 12 septembre pour quitter les lieux. (...)
Système d’asile menacé
Cette injonction inquiète grandement les autorités britanniques. Le gouvernement se prépare à des dizaines de recours juridiques de la part d’autres mairies après cette décision car la ville d’Epping n’est pas la seule à subir une vague d’hostilité à l’encontre des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile. Des dizaines de villes ont vu des manifestations être organisées dans leurs rues ces dernières semaines.
Les avocats du ministère de l’Intérieur ont averti le tribunal que cette décision pourrait donc "avoir un impact considérable" sur la capacité du gouvernement à héberger les demandeurs d’asile dans les hôtels du Royaume-Uni en cas de multiplication des recours.
Selon le Guardian, des sources internes au Home Office ont admis que le ministère avait été "sous le choc" de cette décision car il est tenu d’héberger les demandeurs d’asile jusqu’à l’examen de leur dossier et le placement en hôtel constitue une pierre angulaire du système d’hébergement du pays. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 32 000 migrants étaient logés dans des hôtels fin mars, aux frais du contribuable britannique. (...)
"Nous étudions une série d’options d’urgence différentes suite à la décision juridique rendue et nous examinerons de près ce que nous sommes en mesure de faire", a déclaré le ministre de la Sécurité, Dan Jarvis à Times Radio, sans donner de détails sur ces alternatives.
Enver Solomon, directeur général du Conseil des réfugiés, a déclaré : "L’utilisation des hôtels est totalement insoutenable – et cette décision montre que le projet du gouvernement d’attendre jusqu’en 2029 pour mettre fin à leur utilisation n’est pas viable. Au lieu de recourir à des hôtels coûteux, le ministère de l’Intérieur devrait collaborer avec les collectivités locales pour proposer des hébergements sûrs et économiques au sein des communautés".
Arrivées records
Il y a quelques mois, le Parti travailliste avait effectivement promis de mettre fin au recours aux hôtels pour héberger les demandeurs d’asile d’ici 2029 en construisant de nouveaux logements publics et en réduisant les traversées de la Manche. (...)
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement travailliste de Keir Starmer multiplie les annonces pour endiguer le flux migratoire sur la Manche. Après de multiples décisions visant à restreindre l’asile, l’accès aux titres de séjour ou pour sanctionner les réseaux de passeurs, il a passé un accord avec la France qui est entré en vigueur début août. Il prévoit le renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni par "small boat", en échange de quoi Londres s’engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté de demander l’asile.