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Contre-Attaque
Quand le ministre de l’Intérieur organise le barrage contre la gauche
#Retaillau #EtatdeDroit #extremedroite #RFI
Article mis en ligne le 5 février 2025
dernière modification le 4 février 2025

Rarement une aussi petite commune aura fait l’objet d’une aussi grande attention médiatique. Les élections municipales à Villeneuve-Saint-Georges, la ville la plus pauvre du Val-de-Marne, en banlieue parisienne, peuplée de 35.000 habitants, a donné un aperçu du pourrissement politique du pays et de ce à quoi vont ressembler les prochaines élections nationales. Diffamations contre la France Insoumise, coalition de droite et d’extrême-droite, division de la gauche, tricherie et illégalité flagrante de la part du Ministre de l’Intérieur lui-même.

Dans cette ville qui fut longtemps un bastion communiste, la droite avait conquis la mairie lors des dernières municipales grâce à un accord avec le RN. L’ancien maire, Philippe Gaudin, était vite entré en conflit avec sa propre majorité. En avril 2024, il avait fait un salut nazi en plein conseil municipal ! Alors qu’un élu écologiste accusait Philippe Gaudin d’avoir « fait alliance avec l’extrême droite pour emporter », le maire avait suspendu la séance, puis adressé un salut nazi et ciré : « Heil ! » C’est dans ce contexte pour le moins troublé que de nouvelles élections avaient été convoquées en ce début d’année 2025. (...)

Mais les campagnes municipales sont souvent des moments mafieux, avec des opérations clientélistes et des coups bas. D’abord, les médias des milliardaires ont mis en scène cette élection, assez secondaire en terme d’enjeu, comme un théâtre national du barrage anti-insoumis. Des personnalités de haut rang, notamment Valérie Pécresse, se sont déplacées pour soutenir la candidate de droite, alors que la gauche est partie divisée.

Un média d’extrême droite est allé filmer Louis Boyard jusqu’à la porte de son domicile, le mettant ainsi délibérément en danger. Ce dernier, qui avait créé une liste citoyenne composée d’habitant-es issu-es des quartiers de la ville, a été sali de toutes les manières, notamment accusé d’être complice de l’islamisme. Comme à chaque fois que des personnes non-blanches et extérieures au sérail politicien s’engagent.

La veille du second tour du scrutin, un message a été envoyé à la population par l’équipe de Kristelle Niasme, la candidate soutenue par Pecresse, Macron et Le Pen : « Ne pas voter dimanche c’est laisser votre ville à des pro-Hamas et un ancien dealer. Chaque voix compte. Allez voter ! »

C’est à la fois de l’injure publique, de la diffamation et de la propagande électorale illégale, car ce message ne comportait évidemment pas de mention légale, et que la liste des destinataires vient d’une collecte illégale de numéros d’habitant-es. Pour autant, ce SMS ne faisait que reprendre les éléments diffusés depuis des jours par CNews et toute une immense machine de propagande, face à laquelle le candidat insoumis paraissait tout petit.

Finalement, dimanche 2 février, l’abstention a été massive : plus de 60%. Louis Boyard a été battu, récoltant un peu moins de 40% des suffrages. La campagne anti-FI semble avoir fonctionné. (...)

Plus troublant, les différentes listes de gauche avaient fait 45% au premier tour, Louis Boyard ne fait que 38% au second : cela veut dire qu’une partie des socialistes, des écologistes et des communistes a préféré laisser gagner la droite plutôt que de voter pour un insoumis, ce qui en dit long sur l’imprégnation de la propagande médiatique dans les esprits et le niveau de fracture au sein même du pseudo « Front populaire ».

Enfin, et c’est le plus grave, Bruno Retailleau s’est empressé de publier un messager de joie sur Twitter : « La défaite sévère qu’a subie Louis Boyard est une bonne nouvelle pour les habitants, mais aussi pour tous les Français attachés à la République et à une certaine idée de la politique. (...)

Problème : Bruno Retailleau est Ministre de l’Intérieur. Il est officiellement en charge de l’organisation des élections, de la préparation du vote et du respect scrupuleux du droit électoral. Le Ministre a un devoir d’impartialité. Il s’est pourtant personnellement investi en amont et en aval d’une élection municipale.

Soulignons au passage que Bruno Retailleau s’est beaucoup attaqué à Louis Boyard, mais qu’il n’avait pas dénoncé le salut nazi du maire précédent. Visiblement, cela correspondait à la « République et à une certaine idée de la politique » pour lui.

La France est le seul pays au monde où un ministre de l’Intérieur se permet de s’exprimer de manière aussi politisée sur une élection municipale. Ce qu’a fait Bruno Retailleau est, au sens littéral du terme, totalement anti-républicain.

Dès sa nomination à l’automne dernier, il avait déclaré dans le Journal du Dimanche que « l’État de droit, ce n’est pas intangible, ni sacré ». C’était une déclaration néofasciste pure et dure. En détruisant le sens des mots, en invoquant la « République », ces gens installent un régime sans séparation des pouvoirs, sans droits, de plus en plus inégalitaire et autoritaire. En d’autres termes : les conditions d’une dictature. (...)

Des milliardaires et des dirigeants d’extrême droite se sont accaparés les médias et les réseaux sociaux, ils arrivent à imposer leurs récits, ils neutralisent leurs adversaires dans des jeux dont ils contrôlent les règles.

La seule issue est en premier lieu de désarmer l’appareil idéologique ennemi en imposant nos mots et nos idées, par la lutte, l’action directe, la parole et l’écrit.