
Lundi, l’ONG allemande Sea Watch a demandé l’aide des garde-côtes tunisiens pour secourir des migrants en Méditerranée, en vain. Tunis n’a jamais répondu à leur appel. Le pays s’est pourtant doté d’un "centre de recherche et de sauvetage" (MRCC) depuis le mois de juin pour secourir toute personne en détresse au large de ses côtes, dans les eaux internationales.
C’est un appel comme il y en a des centaines, lancés depuis des années, par les ONG présentes en mer Méditerranée. "Urgent : un canot coule actuellement en Méditerranée. Il s’est dégonflé et 12 personnes sont dans l’eau depuis plus de deux heures, probablement pour réduire le poids et protéger les 4 enfants à bord. LES AUTORITÉS IGNORENT NOS APPELS À L’AIDE ! (sic)"
Cet appel de détresse a été lancé par l’ONG allemande Sea Watch, le 26 août à 17h. Ce jour-là, leur avion de reconnaissance, le Sea bird, survole la Méditerranée et repère le canot dégonflé et plusieurs personnes dans l’eau. Sea Watch demande en urgence l’aide des garde-côtes italiens, mais ces derniers les renvoient vers les Tunisiens, officiellement en charge de la zone maritime où se trouve le canot.
Depuis le mois de juin, en effet, les Tunisiens se sont dotés d’un MRCC (Maritime Rescue Coordination Centre), sorte de tour de contrôle maritime en charge d’une zone précise de la Méditerranée, appelée SAR zone (...)
"Nous voulons renforcer l’efficacité de l’intervention de l’État tunisien […] dans le but de fournir un service de recherche et de sauvetage maritime au bénéfice de tous les usagers de la mer, tunisiens et non tunisiens, dans la zone de responsabilité tunisienne", précisait même un communiqué tunisien.
Et pourtant, lundi 26 août, ce sont des appels dans le vide qu’ont lancés les humanitaires de Sea Watch pour secourir les migrants à l’eau. "Dans le passé également, lorsque nous appelions [les autorités tunisiennes], nous ne parvenions à joindre personne. Leur adresse e-mail était en panne, les appels n’aboutissaient pas. Si nous parvenions à quelqu’un, il ne nous aidait pas. D’après notre expérience, il semble évident que leur mission n’est pas de sauver des vies", a déclaré l’équipe de communication de l’ONG Sea Watch à InfoMigrants.
"Jusqu’à présent [mardi 27 août], ni les autorités tunisiennes, ni italiennes, ni maltaises n’ont fait quelque chose pour secourir cette embarcation". (...)
C’est le voilier Nadir de l’ONG Resqship qui est finalement venu au secours des naufragés. "Vers 1h du matin [mardi matin ndlr], nous avons trouvé 19 personnes en détresse en mer. Nous les avons récupérées, elles sont à bord. Le Nadir est maintenant en route vers Lampedusa" pour débarquer les rescapés. (...)