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Le film « Yallah Gaza » censuré à Lyon, le réalisateur répond
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza
Article mis en ligne le 4 janvier 2025
dernière modification le 2 janvier 2025

Pour qui veut avoir un aperçu des injustices que vivaient les Palestiniens de Gaza avant le 7 octobre, le film « Yallah Gaza » de Roland Nurier est un incontournable. L’exécutif de la communauté des communes du Pays Mornantais a pourtant décidé de le déprogrammer du cinéma de Mornant, au sud de Lyon, où il devait être projeté le 6 décembre dernier. Face à cette censure manifeste, le réalisateur, que nous avions déjà interviewé dans Télé Palestine, a décidé de réagir.

Droit de réponse du réalisateur qui n’engage pas l’association « Le temps d’un film » :

Vous invoquez dans vos déclarations pour justifier la déprogrammation de mon film auprès de l’association mornantaise, je vous cite « que le film a été tourné avant le 7 octobre, qu’il est donc anachronique avec la réalité d’aujourd’hui. Le diffuser aujourd’hui n’était pas opportun « .

Donc si je suis votre logique on ne doit pas non plus programmer de westerns ou de films sur les amérindiens, vu que le vol de leur terre et le viol des traités par les états Unis datent de quelques centaines d’années ?

Ensuite vous affirmez que mon film présente « le Hamas comme un mouvement de résistance ».

Je m’intéresse à Palestine-Israël depuis plus de 40 ans, et d’une façon approfondie depuis 25 ans.

Je me suis rendu 2 fois en territoires occupés. C’est mon 2eme film, donc oui j’affirme et assume ma compréhension de la situation en tant que « citoyen-observateur ».

Le Hamas, comme d’autres mouvements ou groupes politiques palestiniens sont des résistants à l’occupation israélienne et cette résistance quelle qu’en soit la forme est un droit fondamental, reconnu par la charte des Nations Unis, textes signés par Israël, lors de son adhésion à l’ONU.

Les résistants de tout temps ont été qualifiés de terroristes, c’était d’ailleurs le cas de NELSON MANDELA, des membres du groupe MANOUKIAN, à qui la France doit tant et a rendu hommage récemment. (...)
Que le Hamas et les autres milices palestiniennes aient commis le 7 Octobre des crimes de guerre au sens du droit international, est incontestable et c’est effectivement condamnable.

Mais je me refuse de me laisser enfermer dans le narratif israélien, et je souhaite garder mon libre arbitre.

Bien sûr en occident on préfère la résistance non violente, j’en fait partie, et c’est aussi pour cela qu’il y a une séquence dans YALLAH GAZA qui évoque la résistance citoyenne gazaouie lors des « marches du retour ». Ce fut un mouvement non violent en 2018-2019 durement réprimé par l’armée d’occupation israélienne faisant plusieurs dizaines de morts dans la jeunesse palestinienne dont des journalistes et du personnel de santé. (...)

Mon film YALLAH GAZA montre effectivement le GAZA d’avant (séquences tournées en 2021), j’évoque les écoles, les universités, les hôpitaux, les structures associatives qui fonctionnaient, malgré l’enfermement et oui sous administration du Hamas.

Le Hamas a été élu démocratiquement en 2015, il administrait alors la bande de Gaza, j’en fait juste le constat en tant qu’observateur sans aucune sympathie particulière pour ce groupe politique religieux.

Il me semble que certains de nos responsables politiques sont moins regardants à l’égard des pétromonarchies du Golfe.

YALLAH GAZA a rencontré un peuple qui « faisait société », avec ou malgré le Hamas, on pourrait en discuter des heures et je ne suis pas l’avocat du Hamas.

J’ai voulu révéler dans mon film ce peuple extrêmement éduqué, sa créativité, son éducation, sa jeunesse, sa soif de vivre comme tous les peuples du monde. (...)

refuser la projection de mon film sous un prétexte fallacieux c’est aussi priver les citoyens de la communauté de commune de Mornant d’acquérir des connaissances historiques (les 20 premières minutes du film) et de se forger sa propre opinion. (...)

Refuser la projection de mon film, comprenez-le, peut être interprété comme un soutien inconditionnel à Israël, et aujourd’hui il est assez inconcevable de soutenir ouvertement un état génocidaire sauf à quitter l’humanité des hommes.

J’estime donc qu’il est légitime et à fortiori depuis le 7 Octobre de porter un regard critique sur la politique israélienne, ce qui est juste une opinion dont on peut débattre.

Je vous invite donc à laisser projeter mon film et à venir échanger cordialement après le film.

Pour le moment votre décision est vécue par beaucoup de vos concitoyens comme une atteinte à la liberté d’expression. (...)