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Basta !/Nathalie Gontard Directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae)
« La grande vague de micro et nano-plastiques est en train d’arriver »
#plastique #microplastiques #nanoplastiques #pollution
Article mis en ligne le 18 février 2025
dernière modification le 11 février 2025

La pollution plastique est partout, dans l’eau, les aliments, nos maisons, et nos organismes. « Aucun être vivant n’a les outils biologiques pour digérer ce plastique », alerte la chercheuse Nathalie Gontard. Des alternatives existent.

(...) Nathalie Gontard : Le danger est très souvent assimilé aux déchets plastiques assez gros pour qu’on les voit. Leurs conséquences ne sont pas négligeables – en quantité, ils assèchent les sols et étouffent des espèces qui les ingèrent. Mais le plastique devient vraiment dangereux lorsqu’il n’est plus visible, c’est à dire lorsqu’il est fragmenté en micro et en nano-plastiques. Il multiplie alors d’autant ses propriétés d’interactions et de nuisances. Il a la capacité de transformer, d’absorber des molécules essentiellement hydrophobes, c’est à dire tous les polluants (pesticides, etc) présents dans l’environnement. (...)

Les micro et nano-plastiques peuvent transporter ces molécules – par voie d’eau, d’air et de terre – et s’introduire dans tous les organes des êtres vivants, en passant les barrières biologiques. On en retrouve assimilés dans le pancréas des crevettes, notre sang, nos poumons, notre foie... partout !

Or, aucun être vivant n’a les outils biologiques pour digérer ce plastique, le dégrader complètement. Le résultat est une accumulation de corps étrangers qui entraine des dysfonctionnements d’ordre biologique, métabolique, etc. (...)

Nous avons accumulé neuf milliards de tonnes de plastiques sur Terre depuis les années 1950 dont certaines se sont déjà dégradées en micro et nano-plastiques mais qui, pour la grande majorité, sont en cours de dégradation, notamment dans nos décharges, mais pas seulement. (...)

La grande vague de micro et nano-plastiques est en train d’arriver. On parle de « bombe à retardement ». Quand on produit 1 kg de plastique aujourd’hui, ce sont les générations à venir qui vont devoir affronter tous les micro et nano-plastiques qui en résulteront. (...)

Sur la totalité des plastiques qu’on utilise, 40 % relèvent de la fabrication, du transport et du conditionnement de nos aliments, donc de l’agriculture et de l’agroalimentaire. (...)

Dans l’agriculture comme dans tous les autres domaines, de nouvelles technologies sont développées à grand renfort de plastique. On utilise par exemple des plastiques à déposer sur les sols pour limiter l’utilisation de pesticides ou l’arrosage, on cultive sous serre pour augmenter la productivité ... Elles sont présentées comme des technologies de transition écologique. C’est vrai dans la mesure où elles permettent de réduire notre empreinte carbone.

Par contre, elles augmentent notre empreinte plastique – c’est à dire sa capacité à perdurer pendant des milliers d’années sous forme de micro et de nano-plastique. L’empreinte plastique n’est pas comptabilisée dans les analyses de cycle de vie. C’est ainsi que certaines stratégies reposent entièrement sur le recyclage, alors que le recyclage du plastique n’existe pas ! (...)

Des vrais matériaux biodégradables de substitution aux fibres plastiques existent, sauf que leur production et leur propriété ne permettront de remplacer qu’une infime partie des plastiques utilisés. Cela tombe bien puisque les trois quarts des plastiques que l’on utilise ne sont pas utiles !

On peut faire autrement dans la grande majorité des cas et apprendre à s’en passer. (...)

Il nous paraissait incontournable de travailler sur la pollution plastique en impliquant l’un des plus gros producteurs au monde. Ce projet se poursuit à travers « Agri-Loop ». Le travail est mené sur l’ensemble de la filière, avec une approche systémique de substitution des produits du pétrole. On cherche à valoriser les résidus agricoles qui ne sont utilisés ni pour l’alimentation humaine, ni pour l’alimentation animale, en les transformant à l’aide de procédés biologiques.

L’idée est de substituer les plastiques utilisés actuellement pour la production agricole et dans la transformation des aliments (emballages). (...)

Il faut réduire notre empreinte plastique et pour cela, nous devons réduire notre consommation.