
Le vice-président des États-Unis a multiplié, vendredi, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, les déclarations controversées sur la démocratie, l’extrême droite ou la liberté d’expression en Europe, provoquant l’indignation de Berlin.
Il était attendu sur l’Ukraine, il a préféré donner aux Européens une leçon sur la démocratie, épousant les vues des partis extrémistes : à Munich, le vice-président américain J. D. Vance a creusé un peu plus le fossé entre Washington et ses alliés européens, notamment l’Allemagne.
Vendredi, à la Conférence de Munich sur la sécurité, il n’a fait qu’effleurer le dossier ukrainien et la feuille de route des États-Unis en vue de mettre fin aux hostilités pour se concentrer sur un discours à charge contre les Européens, des alliés historiques de son pays au sein de l’Otan, à propos du respect du droit de vote et de la liberté d’expression.
(...) "En Grande-Bretagne et à travers l’Europe, la liberté d’expression, je le crains, est en retrait", a-t-il déclaré, causant la stupeur dans son auditoire. Plus que "la Russie", "la Chine" ou "un autre acteur externe", a-t-il dit, "ce qui m’inquiète, c’est (...) le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, valeurs partagées avec les États-Unis d’Amérique". (...)
Donald Trump a ensuite emboîté le pas à son vice-président, s’inquiétant de voir l’Europe, selon lui, "en train de perdre son merveilleux droit à la liberté d’expression".
"L’Europe a un gros problème d’immigration", a également ajouté le président américain, interrogé par des journalistes à la Maison Blanche.
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Dans son discours, J. D. Vance a en particulier évoqué le cas de la Roumanie, où le premier tour de la présidentielle a été annulé par la Cour constitutionnelle. Le candidat d’extrême droite Calin Georgescu était arrivé contre toute attente en tête du scrutin avec plus de 20 % des voix, en faisant principalement campagne sur la plateforme chinoise TikTok, soupçonnée d’avoir été manipulée. (...)
Si "votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique d’un pays étranger, alors elle n’était pas très forte", a-t-il lâché.
Ce discours devant le gotha mondial de la diplomatie et de la défense a laissé les dirigeants européens "choqués" par cette "humiliation totale", a assuré sur X le député ukrainien Oleksiy Goncharenko, présent à Munich.
Rencontre entre J. D. Vance et la candidate de l’extrême droite
Le pays-hôte, l’Allemagne, n’a pas été épargné quand J. D. Vance a fustigé le consensus autour d’un "cordon sanitaire" empêchant l’extrême droite d’accéder au pouvoir.
Le candidat conservateur Friedrich Merz, le favori des sondages pour les législatives allemandes du 23 février, a réaffirmé dimanche que son parti chrétien-démocrate (CDU) ne nouerait jamais d’alliance avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
"Ce à quoi la démocratie allemande", comme toutes les autres, "ne peut survivre, c’est de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations (...) ne méritent même pas d’être prises en considération", a martelé J. D. Vance. (...)
Cet appel a été vécu à Berlin comme une nouvelle ingérence de l’administration de Donald Trump dans la campagne électorale, après les soutiens répétés apportés par le milliardaire Elon Musk à l’AfD.
Le chancelier Olaf Scholz a "rejeté expressément" ces propos. "De l’expérience du national-socialisme, les partis démocratiques en Allemagne ont tiré un consensus commun : c’est le mur pare-feu [équivalent du ’cordon sanitaire’] contre les partis d’extrême droite", a-t-il réagi sur X.
Cela n’a pas dissuadé J. D. Vance d’ensuite rencontrer dans un hôtel de Munich la candidate de l’AfD, Alice Weidel, selon la télévision publique ZDF.
Propos "non acceptables" (...)
À Washington, l’agence Associated Press a affirmé jeudi qu’un de ses journalistes avait de nouveau été privé d’accès à un événement à la Maison Blanche et a dénoncé une "escalade très inquiétante". Le gouvernement américain reproche à cette agence de presse de ne pas utiliser le nouveau terme de "golfe d’Amérique" quand elle parle du golfe du Mexique. (...)