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France24
Iran : la détention de la française Cécile Kohler "peut lui être fatale", selon Narges Mohammadi
#Iran #femmes #prisons #repression #CécileKohler
Article mis en ligne le 10 janvier 2025

Les conditions de détention de Cécile Kohler en Iran suscitent une vive inquiétude. Depuis près de trois ans, cette française est emprisonnée dans des conditions qualifiées de "terribles", selon Narges Mohammadi, Nobel de la paix. Détenue à l’isolement, l’enseignante, accusée d’espionnage par les autorités iraniennes, serait gravement affaiblie.

"Je suis très inquiète pour elle". Ce sont les mots de la prix Nobel de la paix, interviewée par France inter mardi 8 janvier au sujet de Cécile Kohler. Profitant d’une permission de sortie temporaire pour soigner une tumeur à la jambe, Narges Mohammadi a donné des nouvelles des conditions de détention de l’enseignante française, emprisonnée depuis plus de 2 ans et demi par les autorités iraniennes.

D’après Narges Mohammadi, la Française est détenue "à l’isolement", dans des conditions "terribles". La militante iranienne sait bien de quoi elle parle, puisqu’elle était incarcérée derrière les mêmes murs que Cécile Kohler, dans le centre détention d’Evin à Téhéran.

Une prison sur laquelle Amnesty international documente régulièrement des cas de tortures. Evin comprend aussi un secteur de haute sécurité qui dépend du ministère du Renseignement, "la section 209", où se trouve Cécile Kohler. C’est aussi à Evin que sont enfermées de nombreuses prisonnières politiques et militantes iraniennes pour les droits humains.

Cécile Kohler, elle, est accusée d’"espionnage" par les autorités iraniennes, ce que ses proches nient fermement. Elle a été arrêtée le 7 mai 2022 en Iran, où elle s’était rendue pour un voyage touristique avec son compagnon Jacques Paris, incarcéré lui aussi, séparément, dans la section 209 de la prison d’Evin. Un procès avait été annoncé pour le 24 novembre, mais sans suite depuis. La diplomatie française, qui réclame leur libération, estime qu’ils sont des "otages d’État". (...)

"Cécile a passé plusieurs mois à l’isolement cellulaire, caractérisé comme de la torture et contraire aux normes des Nations unies", s’inquiète aussi son comité de soutien, qui demande sa libération depuis plus de deux ans et demi, en vain.

"Les mauvais traitements dont Cécile est victime présagent des conséquences extrêmement lourdes et irréversibles sur sa santé physique et mentale", avaient déjà alerté ses soutiens en novembre, réagissant aux propos du porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, Asghar Jahangir, qui venait d’affirmer que la Française se trouvait "en bonne santé" et "dans de bonnes conditions de détention".

Le temps presse

Alors que Cécile Kohler approche des 1000 jours de détention, ses proches estiment qu’elle est "en danger". Les informations fournies cette semaine par Narges Mohammadi confirment ces craintes (...)

L’inquiétude est d’autant plus grande que la justice iranienne a annoncé, jeudi, qu’un ressortissant suisse accusé d’espionnage s’était suicidé dans la prison de Semnan, ville de l’est du pays. (...)

Un troisième français, prénommé Olivier mais dont le nom de famille n’a pas été rendu public, est également détenu en Iran depuis 2022. Lors de la conférence des ambassadeurs lundi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé les ressortissants français à ne pas se rendre en Iran jusqu’à "la libération complète" des détenus français dans ce pays.

Quant à Narges Mohammadi, qui se bat depuis plus de 25 ans pour les droits humains en Iran, elle pourrait de nouveau être interpellée à tout moment, a indiqué son avocate Chirinne Ardakani à l’AFP. La militante pour les droits humains prend le risque de voir s’accumuler les charges contre elle à mesure qu’elle s’exprime dans les médias occidentaux. "Dès qu’elle parle, elle en paye le prix. Elle a déjà été condamnée à une peine de plus de treize ans de prison", rappelle son avocate sur France info. Un risque qui ne dissuade pas la prix Nobel de la paix. "Je ne crains absolument pas ces conséquences, je continue et je continuerai", a-t-elle répété une nouvelle fois sur France inter ce lundi.