
En brandissant brièvement la menace d’une hausse des taxes énergétiques pour trois États américain dont celui de New York, Doug Ford a obtenu le "respect" de Donald Trump et une invitation à la table des négociations à Washington. En quelques semaines, le Premier ministre de l’Ontario est devenu la figure de proue de la résistance canadienne aux droits de douane américains.
La scène prêterait à sourire si les enjeux n’étaient pas aussi sérieux. Mardi 11 mars, sur la pelouse sud de la Maison Blanche, Donald Trump a tenu une improbable conférence de presse devant sa nouvelle Tesla rouge.
Un spectacle pour les caméras conçu comme un soutien à celui qu’il a chargé de l’"efficacité gouvernementale", Elon Musk – dont l’entreprise connaît de sérieuses turbulences – mais aussi l’occasion d’aborder les sujets brûlants du moment, notamment la guerre commerciale avec le voisin du Nord.
"Il y a un homme très fort au Canada qui a dit qu’il allait imposer une surtaxe sur l’électricité arrivant dans notre pays. Il a appelé et il a dit qu’il n’allait pas le faire, je respecte ça", s’est réjoui Donald Trump.
Cet homme fort, c’est Doug Ford, Premier ministre de l’Ontario, déterminé à faire barrage aux droits de douane de Donald Trump qu’il a qualifiés de "coup de poignard dans le dos". Fin communicant et homme d’affaires avisé, le conservateur à la tête de la province la plus peuplée du Canada court depuis des semaines les plateaux de télévision américains, se posant en défenseur du peuple, des deux côtés de la frontière. (...)
La scène prêterait à sourire si les enjeux n’étaient pas aussi sérieux. Mardi 11 mars, sur la pelouse sud de la Maison Blanche, Donald Trump a tenu une improbable conférence de presse devant sa nouvelle Tesla rouge.
Un spectacle pour les caméras conçu comme un soutien à celui qu’il a chargé de l’"efficacité gouvernementale", Elon Musk – dont l’entreprise connaît de sérieuses turbulences – mais aussi l’occasion d’aborder les sujets brûlants du moment, notamment la guerre commerciale avec le voisin du Nord.
"Il y a un homme très fort au Canada qui a dit qu’il allait imposer une surtaxe sur l’électricité arrivant dans notre pays. Il a appelé et il a dit qu’il n’allait pas le faire, je respecte ça", s’est réjoui Donald Trump.
Cet homme fort, c’est Doug Ford, Premier ministre de l’Ontario, déterminé à faire barrage aux droits de douane de Donald Trump qu’il a qualifiés de "coup de poignard dans le dos". Fin communicant et homme d’affaires avisé, le conservateur à la tête de la province la plus peuplée du Canada court depuis des semaines les plateaux de télévision américains, se posant en défenseur du peuple, des deux côtés de la frontière. (...)
Ses positions très conservatrices, son style direct et ses critiques des "élites déconnectées" qui "boivent du champagne" lui valent d’être qualifié de "Donald Trump canadien" par certains médias.
"Doug Ford est une personnalité qui dénote dans le paysage politique", souligne François Rihouay, correspondant de France 24 à Montréal. "Il est perçu comme un personnage amusant voire charmant mais aussi un businessman dur en affaires qui a une énorme confiance en son propre jugement."
Loin de s’offusquer de la comparaison à Donald Trump, Doug Ford a longtemps chanté ses louanges : un "businessman hors pair", "génie du marketing", dont il voyait d’un bon œil le retour à la Maison Blanche.
"Je pensais qu’il ferait un super boulot. Mon dieu que j’ai eu tort", a-t-il récemment déclaré lors d’une interview avec la chaîne américaine CBS.
Bataille sans merci (...)
Celui que l’on surnomme désormais "Capitaine Canada" est allé jusqu’à s’offrir une campagne publicitaire célébrant l’amitié américano-canadienne. Un spot qu’il est parvenu à faire diffuser massivement sur les chaines américaines, pendant le Super Bowl et même au milieu d’une interview de Donald Trump et d’Elon Musk. (...)
"Doug Ford a eu l’intelligence d’aller parler aux Américains sur leur terrain en visant les ’red states’, ceux qui ont massivement voté Trump, pour rappeler aux travailleurs, aux familles et aux entreprises américaines qu’elles allaient elles aussi payer les conséquences de ces mesures."
Joignant la parole aux actes, Doug Ford a décrété des mesures de rétorsion. Il a ordonné le retrait des alcools américains des magasins et des catalogues, annulé le contrat de 100 millions de dollars pour le service Internet Starlink d’Elon Musk, et est enfin allé jusqu’à brandir la fameuse menace d’augmenter les taxes sur l’électricité fournie aux États de New York, du Minnesota et du Michigan, voire même de leur couper tout bonnement le courant.
Issue incertaine
Des deux côtés de la frontière, cette dernière annonce a suscité un torrent de réactions. Qualifiée de "commentaire ridicule et insultant" par la porte-parole de la Maison Blanche, elle a également suscité des critiques au Canada, des commentateurs lui reprochant de faire cavalier seul, d’instrumentaliser la crise à des fins électorales ou bien encore de prendre des risques inconsidérés au nom du pays tout entier. (...)
Mardi, Doug Ford a finalement suspendu sa menace de surtaxer de 25 % ses exportations d’électricité vers les États américains du Minnesota, du Michigan et de New York. S’il n’est pour l’heure pas parvenu à obtenir la suppression des nouveaux droits de douane américains, il n’a pas encore perdu la guerre.
Son récent coup d’éclat lui a valu une invitation du ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, à venir jeudi à Washington pour renégocier l’accord de libre-échange entre les deux pays, avant l’entrée en vigueur des nouvelles taxes douanières américaines prévues le 4 avril.