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Université de Bordeaux : le burn-out après la fusion ?
Article mis en ligne le 4 avril 2014

Vacataires non payés, personnels au bord de la dépression, difficultés d’organisation… Trois mois après la fusion de trois de ses quatre facultés, l’Université de Bordeaux fait face à plusieurs défis, qui se cristallisent à l’ex Bordeaux IV.

C’est un chantier qui a bouleversé le paysage universitaire de la région. L’Université de Bordeaux est née le 1er janvier. Lancé fin 2010, le projet de fusion des facs bordelaises a accouché d’un mastodonte : avec 45 000 étudiants et 5 600 personnels, il s’agit de la 3ème université française. Exit donc Bordeaux 1 (sciences), Bordeaux Segalen (médecine, sociologie, psychologie et anthropologie), Montesquieu Bordeaux IV (droit, économie, gestion) et le PRES Université de Bordeaux (recherche, et projets impliquant des structures comme l’IEP et des écoles d’ingénieurs). Toutes ces entités ont fusionné en un seul établissement. Seule la fac de lettres (ex Bordeaux III, désormais Bordeaux Montaigne) a préféré ne pas se joindre au mouvement. (...)

Urgences financières pour les doctorants

Le paiement des copies corrigées depuis octobre par les doctorants, notamment, interviendra tardivement, et sans garantie pour les années à venir . Les chargés de travaux dirigés - ATV (agents temporaires vacataires) et CEV (chargés d’enseignement vacataires) – ne seront payés qu’en mai, alors que leur travail a commencé depuis septembre ou octobre.

Pour justifier ce raté, la direction avance des difficultés liées à la mise en place du logiciel « système de gestion des services d’enseignement » (SGSE). Mais cette explication passe mal chez les doctorants. A l’AG, une main se lève dans l’assistance :

« Comme ils ont pris la mesure de notre colère, ils nous proposent un paiement en urgence en avril, mais pour une poignée d’entre nous, et sur des critères sociaux. Sauf qu’on est quasiment tous en situation d’urgence au niveau financier. »

En plus de ce traitement au cas par cas, les délégués du comité de mobilisation signalent qu’un nouveau logiciel devrait être mis en place d’ici deux ans afin de régler les anomalies constatées, mais « de toute façon, on ne sera jamais mensualisé. Au mieux, on aura un paiement par trimestre, pas plus », avoue, d’un air défaitiste, une thésarde responsable de TD.

Si les trois mois d’existence de l’Université ne permettent pas de dresser un bilan complet du projet, les premières critiques n’ont pas tardé à fleurir. Le germe de la contestation est venu de là où on ne l’attendait pas. Bordeaux IV (ou plutôt, « le collège droit, économie, et gestion », comme il faut désormais l’appeler), a pour réputation d’être une fac plutôt conservatrice. Pourtant, au début du mois de mars, les doctorants ont sonné l’alerte :

« Le passage à l’université unique cristallise tous les problèmes qu’on rencontre depuis des années », assure Sonia, une doctorante, lors d’une assemblée générale à Montesquieu (...)

Autre point d’achoppement majeur : à partir de la rentrée 2014, tous les doctorants devront payer leurs frais d’inscription. Une révolution, car ceux qui étaient également chargés de travaux dirigés bénéficiaient jusque-là d’une exonération, l’administration considérant qu’ils rendaient service à l’université.

« Pour nous, c’était un acquis social. Sachant qu’on est payé une misère, et que travailler l’été est souvent nuisible à notre thèse, où va-t-on pouvoir trouver 500 euros en plus ? », s’inquiète un étudiant. (...)

MISE À JOUR (03/04) : Réunis en assemblée générale, les doctorants du collège droit, science économique et gestion ont voté la grève hier.


le malaise gagne l’ensemble des personnels de l’Université.
Une intersyndicale a été organisée fin février pour apporter un soutien aux doctorants. Il a été un temps question d’une grève générale, réunissant personnels et doctorants. Le projet est abandonné, le temps de négocier avec la direction. Un dossier est particulièrement sensible : la souffrance des personnels. La médecine du travail ferait face à un afflux de salariés en détresse. (...)