
(...) Il faudra sans doute attendre plusieurs mois avant que la ville de Mossoul elle-même soit libérée, mais, dans la période précédant l’offensive sur la ville, les forces armées irakiennes ont repris le contrôle de nombreuses zones périphériques, y compris de plusieurs villes chrétiennes.
Or, les prêtres et leurs anciens paroissiens n’ont plus grand-chose là-bas. Les combattants de l’EI se sont livrés à une destruction généralisée et impitoyable : ils ont profané des églises, pillé des cimetières et incendié des maisons. Nombre des chrétiens d’Irak assiégés – une population qui oscille aujourd’hui entre 300 000 et 400 000, contre 1,3 million il y a 20 ans – ont encore trop peur pour envisager de retourner chez eux.
« Nous avons tout perdu. Il n’y a pas d’avenir pour les chrétiens en Irak », a dit Ammar. « Je pense à la mort et je me dis que ça serait mieux que notre situation actuelle. »
Des églises en ruine et des vies brisées (...)
Des retours retardés
La libération des districts chrétiens a permis à certaines personnes de revenir sur place pour constater les dommages infligés à leur maison, leur commerce et leurs terres. Il n’est cependant pas encore réaliste de rentrer pour de bon, car les restes explosifs de guerre n’ont pas encore été enlevés dans la plupart des zones.
Qaraqosh – qui était auparavant plus grande ville chrétienne d’Irak – se trouve à 30 kilomètres au sud-est de Mossoul. Elle a été libérée au début du mois d’octobre.
Les forces locales chargées de sécuriser la ville espèrent que les habitants commenceront à rentrer chez eux en janvier. À cause de l’EI, de nombreux chrétiens déplacés d’Irak se méfient désormais de leurs anciens voisins musulmans. La présence de policiers chrétiens dans la région ne les rassure pas suffisamment pour qu’ils envisagent de rentrer chez eux. (...)
« Nous n’y retournerons pas. Nous ne sommes pas en sécurité au milieu des musulmans. Je ne leur fais plus confiance », a dit Neama, une dentiste de 26 ans qui vit maintenant à Erbil.
« Ils nous ont attaqués par le passé et ils nous attaqueront encore à l’avenir. La prochaine fois, lorsqu’ils s’en prendront aux chrétiens, ce ne sera pas sous le nom de l’EI, ce sera sous un autre nom. Avant, c’était Al-Qaida, puis l’EI. Le nom sera différent la prochaine fois, mais ce sera toujours la même chose. »
Les chrétiens ne sont cependant pas les seuls à ne pas pouvoir rentrer chez eux ou à souffrir dans la situation incertaine qui règne post-EI.
Neama craint les musulmans sunnites. Or, ces derniers forment aussi une minorité en Irak, même s’ils représentent la majorité des trois millions de déplacés irakiens. Nombreux sont ceux qui ont vécu sous la mainmise de l’EI et qui ont maintenant l’impression d’être injustement accusés de tous les maux du pays et d’être maintenus loin de leur foyer. (...)