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Tunisie : Temoignage - Un jeune de 22 ans sans papiers succombe à la faim et au froid - A défaut de vivre en France, il y est mort... »
Article mis en ligne le 28 septembre 2011
dernière modification le 25 septembre 2011

Il s’appelait Riadh et il avait quitté sa Tunisie natale, profitant de la Révolution et de la disparition des contrôles aux frontières, désireux de mettre un pied sur le sol de la patrie des droits de l’Homme, dans cette France des Lumières dont il rêvait depuis sa prime jeunesse à l’ombre des dunes de Zarzis où il avait vu le jour. Pour réaliser ce rêve, il s’était dépouillé du peu de biens qu’il possédait afin de s’acquitter du prix de son voyage auprès de ces nouveaux trafiquants de chair humaine que sont les passeurs. Et il avait réussi à gagner l’île italienne de Lampedusa, « plaque tournante » de la migration méditerranéenne et passage obligé avant l’accès à l’Italie continentale, puis à la France.

Pas plus que les autres, Riadh ne pouvait se douter qu’il s’agissait d’un mirage.

(...) Arrivé à Paris, physiquement et psychologiquement éprouvé, Riadh a échoué comme ses quelque quatre cents compagnons d’infortune au Square de La Villette puis dans la rue du Chemin de Fer à Paris, où il a dû, lui aussi, dormir à même le sol, dans le froid et la faim, à la merci des patrouilles de police. Et ce, alors que l’Europe bénéficie d’un arsenal juridique très développé en la matière et de la directive 55 de 2001 sur l’accueil temporaire des réfugiés en cas d’afflux massif en raison d’un conflit (créée après les guerres ethniques des Balkans), qu’elle s’obstine à ignorer.

Pour Riadh comme pour tous les autres, place au mépris, à l’abandon, ou mieux, à l’indifférence.

Et dire qu’au même moment, la Tunisie, en pleine transition démocratique, ne bénéficiant que de moyens modestes, accueillait quelque 175.000 réfugiés fuyant la guerre civile en Libye voisine, donnant la leçon à une Europe qui peinait à accueillir vingt mille Tunisiens, dans ce qui fut présenté comme un « afflux massif » de migrants.

Lorsque les autorités françaises, alertées par les médias, ont commencé à s’intéresser à ces jeunes Tunisiens et malgré les efforts de la Mairie de Paris, il était déjà trop tard pour Riadh. Victime du froid, du manque d’hygiène et de nourriture, il a succombé en cette nuit du 16 septembre. (...)

Dans le silence assourdissant des autorités françaises et tunisiennes, Riadh est mort. Il n’avait que 22 ans. (...) Wikio