« Nous sommes tous Adama, nous sommes tous Zineb Redouane, parce qu’une injustice faite à un seul d’entre nous est une menace faite à tous... et un crime qui reste impuni est une permission pour d’autres crimes », ce sont ces mots poignants que Milfet avait adressés à la famille Traoré pour la troisième marche commémorative en la mémoire d’Adama.
Sa mère, Zineb, avait trouvé la mort le 2 décembre 2018 à l’hôpital de La Conception à Marseille, après avoir reçu, la veille, une grenade lacrymogène en pleine tête tirée par un C.R.S qui se trouvait en face de son immeuble.
Zineb n’était pas en train de manifester. Elle discutait tranquillement au téléphone avec Milfet quand elle s’est approchée de la fenêtre pour la fermer, croyant ainsi se protéger de la violente répression qui s’abattait contre les manifestants quatre étages plus bas.
Un geste anodin, en rien provoquant. Et pourtant…
« Il m’a visée, un policier m’a visée ! », c’est ce que Zineb, mère courage, trouve encore la force de crier au téléphone à Milfet, affolée, qui essaie à distance d’organiser les secours.
Arrivée à l’hôpital, le bilan est lourd.
L’hémiface droite du visage a été à ce point fracturée que les os de la face se sont affaissés pour venir oppresser ses voies respiratoires : le choc de l’impact a déplacé son maxillaire tandis que l’inhalation de gaz a provoqué un œdème pulmonaire ainsi que l’effondrement de son palais.
C’est trop pour Zineb, 80 ans, qui décède des suites de ses blessures.
Pour Milfet et sa famille, c’est le début d’un combat judiciaire où il faut faire face aux manipulations policières, à la désinformation, au déni de justice qui semble poindre comme dans beaucoup d’affaires concernant des crimes policiers. (...)