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Témoignage Chrétien
« On préfère déjà le robot à l’homme »
Article mis en ligne le 24 octobre 2011
dernière modification le 18 octobre 2011

Le transhumanisme imagine un autre état de l’humanité. Pour ses militants, il faut se servir des technologies pour améliorer l’espèce. Il s’agirait en gros de faire advenir un homme amélioré. Le posthumaniste, lui, envisage un être humain tellement transformé qu’il n’en serait plus humain. En gros : on bricole le vivant, on voit ce que cela donne et si le résultat est viable, il devient un prototype pour une nouvelle histoire d’où nous serons d’ailleurs peut-être exclus.

(...) Le posthumanisme se banalise de plus en plus. La société est disposée à considérer sérieusement que l’humanité est à bout de souffle et à envisager comme solution un homme augmenté ou dif­férent. Je suis intervenu sur le posthumanisme lors de la journée annuelle du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique, et même lors du dernier colloque des paralysés de France, dont la figure emblématique était Oscar Pistorius (voir encadré). Le posthumanisme n’apparaît plus comme une fantaisie de BD. Il devient une question de société.

Au Japon, où la population vieillit, on préfère déjà le robot à l’homme. Plutôt que d’encourager l’immigration, l’État pense de plus en plus aux robots pour assurer le quotidien et s’occuper de la population vieillissante. On préfère un autre qu’on fabrique et qu’on maîtrise plutôt que de recourir à son semblable (...) !

Avec la psychologie cognitive ( qui utilise une « grille » informatique pour étudier le cerveau ), la mémoire, le raisonnement, l’attention sont classés comme des fonctions d’information et de traitement de l’information, de sorte que nous intégrons de plus en plus une représentation de nous-même en tant que machine. On passe ainsi son temps à se contraindre pour s’adapter aux machines.

(...)

cette ambition d’augmenter l’humain risque de provoquer une fracture entre les nantis, les gens ayant accès à la technique et les autres. Si l’accès à ces techniques se généralise, il ne sera plus permis de les refuser, les employeurs devront privilégier les hommes augmentés et refuser les autres. Le film Bienvenue à Gattaca dessine l’avenir presque assuré qui verra s’affronter deux humanités. (...)

Le développement des innovations technologiques est une fuite en avant. On incite à se mobiliser en faveur des innovations mais on ne se pose pas la question du but. On se dit juste que si on n’en fait pas, on sera bientôt dépassés économiquement. L’hyperactivité à laquelle on se contraint ainsi est d’ailleurs un des traits de la dépression, décrite comme la maladie des sociétés modernes. On ne réfléchit pas, on est dans l’opérationnel. (...)

Je milite pour une éthique de la vulnérabilité susceptible de nous réconcilier avec l’humain en nous. Actuellement nous avons une vision mécaniste de l’homme, c’est pourquoi il est si facile d’imaginer réaliser des robots identiques à l’homme, c’est pourquoi aussi on essaye perpétuellement de dissimuler notre vulnérabilité. Or la seule différence entre le robot et l’homme, c’est la conscience de la vulnérabilité !

Il faut que cela devienne un privilège. À partir de là, on pourra reconstruire notre sentiment d’humanité. Je suis de plus en plus attentif aux communautés prônant la frugalité, aux gens qui militent pour un développement maîtrisé. S’arracher au vertige d’une croissance dépourvue de sens, à la fascination pour des machines privées d’esprit est un défi. Mais la possibilité de se déconnecter devient de plus en plus problématique, c’est évident.

Cela dit, nous aurons peut-être dégonflé la baudruche dans dix ans.

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