
(...) L’Homicide Monitor est un outil interactif en ligne compilant, pays par pays, les statistiques relatives aux homicides à partir de différentes sources. Cette initiative, lancée la semaine dernière par l’institut brésilien Igarapé, a pour objectif de stimuler le débat et d’attirer l’attention sur les zones sensibles en matière d’homicide à travers la planète. (...)
« Diffuser les informations relatives aux homicides est la première étape vers une prise d’initiative », a dit Robert Muggah, le directeur de l’institut de recherche Igarapé. D’après l’Homicide Monitor, entre 437 000 et 468 000 homicides sont commis chaque année à travers le monde. Alors que les taux sont très élevés dans les pays d’Amérique latine et dans d’autres régions du monde, ils affichent un recul constant en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Asie.
« Les taux d’homicides sont un indicateur intéressant de la situation dans laquelle se trouve un pays », a dit Olivier Bangerter, le coordinateur de l’équipe thématique du Sommet humanitaire mondial. « Comprendre l’ampleur de la violence meurtrière permet d’appréhender les défis auxquels sont confrontés les pays, que ce soit de la perspective humanitaire, des droits humains ou du développement. En tant qu’acteur humanitaire, il est toujours très utile de comprendre qui est vulnérable, et à quoi », a-t-il ajouté. (...)
« Bien qu’imparfait, le taux d’homicides est un indicateur indirect d’un éventail bien plus large de facteurs d’insécurité », a dit M. Muggah. « C’est souvent l’aspect le plus visible du crime », a-t-il ajouté. « Là où sont observés des taux d’homicides élevés, il est probable que l’on observe également des taux élevés de blessures, de disparitions, et très certainement d’autres types de violence criminelle. »
La peur suscitée par cet éventail plus large de facteurs d’insécurité peut en outre pousser certaines personnes au déplacement. (...)
L’ONUDC, qui publie une étude mondiale sur l’homicide chaque semestre, fait pression pour inclure l’homicide au nombre des indicateurs clés pour les objectifs de développement durable. (...)
Les statistiques du Monitor sont tirées des chiffres de l’ONUDC, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des instituts nationaux de la statistique et des services de police, entre autres sources. (...)
De nombreux pays, notamment en Afrique, n’ont pas les moyens de compiler des statistiques, et bon nombre d’homicides sont passés sous silence. D’autres refusent de le faire par crainte de retombées négatives sur le tourisme et les investissements. Les pays affichant une bonne capacité à recueillir leurs données risquent d’être victimes de leur succès, (...)
Un autre problème consiste à déterminer où se situe la frontière entre violence armée criminelle et politique. Cette démarcation devient de plus en plus floue, à mesure que le crime organisé infiltre les institutions politiques et gouvernementales. (...)