Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
le monolecte
LES INCONSOLABLES
Article mis en ligne le 26 octobre 2017

L’une des premières choses que j’ai dites à ma fille, c’est qu’elle n’était pas obligée de nous aimer.

Cela peut sembler abrupt ou incompréhensible pour beaucoup d’entre vous, mais j’ai tellement vu de personnes souffrir de cet impossible attachement filial et surtout de son cruel manque de réciprocité, qu’il était urgent de tuer dans l’œuf cette innommable source de tourments. De toute manière, les sentiments, ça ne se commande pas, ni dans un sens ni dans l’autre.

Mais le mythe de l’amour inconditionnel, éternel, acquis, lui, a la peau dure et son absence dans la réalité plonge tant de gens dans l’affliction, les bannit à vie de l’idée de simple bienêtre ou d’une tranquille estime de soi. Comment renoncer à ce que la société entière considère comme allant de soi : l’affection et la bienveillance de ses proches et de ses parents en particulier ?

J’ai vu des gens — et généralement plutôt des femmes, dressées depuis toutes jeunes à surinvestir la sphère affective — être rongés jusqu’à la tombe par la froideur, voire le rejet, de leurs géniteurs et plus particulièrement de leur mère. J’ai vu quel était le pouvoir de nuisance de l’absence de ce soi-disant instinct maternel. J’ai vu sangloter sur son lit de mort cette femme dénigrée toute sa jeunesse par une mère manifestement haineuse, qui a été sommée de lui sacrifier son existence jusqu’à renoncer à toute vie de femme, de mère, d’amante. Je l’ai entendu appeler encore et encore cette mère qui n’a jamais été qu’une boule de haine et qui lui a systématiquement gâché toute sa vie… et ce, jusqu’à la mort. (...)