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article XI
Le travail bénévole : travail gratuit ou engagement citoyen ?
Article mis en ligne le 4 mai 2011
dernière modification le 2 mai 2011

Le monde du travail ne cesse de muter, de se précariser, de se complexifier. A l’image des différentes modalités de travail bénévole et de volontariat, déjà très présentes aux Etats-Unis, qui se développent dans l’hexagone.

La sociologue Maud Simonet, auteure de : " Le travail bénévole : travail gratuit ou engagement citoyen ?" , interroge ces évolutions et ce qu’elle portent.

On a eu des aides-éducateurs, des assistants d’éducation, va-t-on avoir maintenant des volontaires dans les écoles ? Est-ce qu’on va avoir ce qui se passe aux États-Unis avec City Year ? Au départ, ils faisaient ce que fait aujourd’hui Unis-Cité [9]. A la fin des années 1990 la Corporation for Community & National Service qui finance au niveau fédéral les programmes de volontariat a lancé un appel clair : « On soutiendra les programmes éducatifs ». Cela vient d’un grand moment politique où il y a eu un accord entre les différents représentants pour dire qu’il fallait s’atteler à la question éducative. City Year a recentré ces activités là-dessus. Ils ont décidé de mettre des jeunes à l’année dans des écoles publiques, par exemple dans la ville de New-York, dernier site créé. Le matin, ceux-ci sont avec les enseignants, et l’après-midi, jusque 18h, ils mènent des activités avec les enfants. C’est très proche du travail que font les para-professionnels aux États-Unis dans les écoles publiques. (...)

Ces jeunes ne sont pas syndiqués. Ils n’ont pas le droit de manifester, de faire des boycotts et d’avoir des activités politiques sur le lieu. Dès qu’ils portent l’uniforme, ils n’ont aucun droit Cela vient de l’accord de City Year avec l’État et ses financements fédéraux : interdiction totale d’être engagés dans une quelconque activité politique quand on représente l’organisation.
En France, les organisations développent des efforts pour poser un ensemble de limites : « Tu ne feras pas le travail d’un professionnel. Tu feras bien attention. Etc. ». Évidemment, l’ensemble de la mission d’un jeune volontaire ne sera pas la même que celle d’un éducateur ou d’un para-professionnel, mais une partie de la mission reste la même. » (...)

L’État américain est un État fort, présent et politique. Les partenariats mis en place avec des fondations pour engager les citoyens à venir nettoyer les parcs en temps de crise budgétaire sont le résultat d’un choix politique. La délégation de la gestion des citoyens à des associations qui ne veulent pas reconnaître des droits syndicaux à leurs travailleurs est aussi un choix politique. Ce sont des formes de politiques publiques qui méritent notre attention. L’État n’est pas absent.
La situation est complexe, avec plusieurs couches. Dans le système qui émerge, il est compliqué de se mobiliser, de savoir contre qui on lutte, contre qui on se bat, et comment on peut se battre ensemble. C’est une privatisation du public mais aussi une « publicisation » [14] du privé. C’est le cas lorsque les engagements associatifs sont cadrés par l’État. (...)

En France, Génération précaire avait posé la question par rapport aux stages. On assiste a une forme de « gratuitisation » du travail, pas juste une privatisation de services publiques.
S’en tenir à l’idée du retrait de l’État revient à rater beaucoup de choses au niveau politique(...)
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