
Alors que le gouvernement pourrait tomber le 8 septembre, la gauche est-elle prête à s’unir comme il y a un an ? Socialistes et écologistes y sont favorables, mais certains partis refusent toujours de s’allier avec la France insoumise.
Il y a un an, les socialistes, communistes, écologistes et la France insoumise étaient réunis pour une photo de famille, à l’occasion de la création du Nouveau Front populaire. Avec le scénario probable d’une chute du gouvernement à la rentrée, une telle alliance pourrait-elle renaître ? Vendredi soir, Olivier Faure semble y être favorable : "Le moment n’est plus à l’exacerbation de nos différences. Elles existent et ne s’envoleront pas par magie, mais notre responsabilité est de regarder devant nous". Un appel également lancé par Marine Tondelier, la patronne des écologistes, et rejoint par l’ex-insoumise Clémentine Autain.
LFI divise toujours
Mais, une fois encore, la présence de la France insoumise crispe une partie de la gauche.
Raphaël Glucksmann, le leader de Place publique, fort de sa troisième place aux dernières européennes, est catégorique : "Nous, on est d’une limpidité absolue. Il n’y aura pas d’union avec LFI". L’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, invite également la gauche, sans la France insoumise, à se mettre d’accord sur un budget avec le gouvernement. (...)
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– (L’Humanité)
L’Humanité s’entretient avec les dirigeants de la gauche. Aujourd’hui, Cyrielle Chatelain. La présidente des députés écologistes assure que, malgré les divergences entre formations, le Nouveau Front populaire doit gouverner uni pour répondre aux aspirations populaires.
Les Écologistes veulent faire de l’après-Bayrou, dont le gouvernement s’apprête à chuter le 8 septembre, un moment d’unité de la gauche. Ils se heurtent aux désaccords entre insoumis et socialistes, dont les stratégies et les projets divergent. Rien d’insurmontable pour Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologiste et social à l’Assemblée nationale.
Votre parti, Les Écologistes, a présenté jeudi son plan de sortie de crise pour l’après-François Bayrou. En quoi consiste-t-il ?
Lundi, le premier ministre va tomber. Pour sortir de la crise, la clé est d’apporter des réponses aux enjeux budgétaires : comment corriger deux mandats d’Emmanuel Macron qui ont créé des trous dans la caisse à cause de baisses d’impôts non financées ? Nous mettons, entre autres, sur la table la taxe Zucman, d’ailleurs déjà votée à l’Assemblée dans notre niche parlementaire.
Ces nouvelles recettes doivent servir à combler les déficits et à investir dans la transition écologique. Aux questions économiques et sociales, nous ajoutons une problématique démocratique. La Ve République est à bout de souffle. Il faut changer les institutions pour changer le rôle des élus comme des citoyens.
Dans ce plan, vous proposez aussi trois référendums : sur l’abrogation de la réforme des retraites, sur la taxe Zucman et sur la décentralisation. Mais ils ne changent rien aux équilibres parlementaires à l’origine du blocage…
En 2024, il y a eu un vote dont il faut retenir trois leçons : il y a un barrage à l’extrême droite, une volonté de rupture avec la politique d’Emmanuel Macron et une absence de majorité. Rien de tout cela n’a été entendu par le président. Par ces référendums, nous voulons redire aux citoyens que c’est bien eux qui décident.
Bien sûr que ça ne suffit pas, mais c’est l’une des étapes du changement. Le défi immédiat est de trouver comment faire en sorte d’avoir un gouvernement qui peut tenir plus que quelques mois. Nous proposons de sortir d’un système vertical et hyper-présidentiel. Comment ? En renonçant à l’utilisation du 49.3 et via un vote de confiance immédiatement sollicité par le nouveau gouvernement du Nouveau Front populaire. (...)
Il faudra être capable de bâtir des compromis à l’Assemblée.
Nous savons trouver des majorités. Nous en avons déjà fait la démonstration avec le vote de la taxe Zucman, l’interdiction des polluants éternels ou l’introduction du consentement dans la définition pénale du viol.
Marine Tondelier demande à ce que « l’accord du NFP » soit respecté. Mais puisque LFI et le PS ne semblent plus vouloir travailler ensemble, n’avez-vous pas l’impression de prêcher l’union dans le vide ?
Je connais les divergences de partis et observe les engueulades par communiqués de presse interposés. Et puis il y a la réalité arithmétique des équilibres parlementaires. Nous avons besoin des 192 députés de gauche pour obtenir des victoires. Sinon, nous devenons la béquille des macronistes.
Pourquoi Emmanuel Macron se déciderait-il à enfin faire ce qu’il refuse depuis plus d’un an ?
Nous ne pouvons l’obliger à rien mais il est de plus en plus vu, dans le pays, comme le responsable du blocage. Ses deux derniers premiers ministres ont agité le chiffon rouge du chaos. Tout cela a des effets sur le pays. Si nous savons déjà qu’Emmanuel Macron n’écoute pas les citoyens, peut-être sera-t-il sensible au discours des forces économiques qui demandent de la stabilité et de la cohésion sociale.
Si Emmanuel Macron est le responsable, pourquoi ne pas plaider pour son départ comme le suggèrent LFI, Valérie Pécresse et même l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie ?
Je suis farouchement favorable au parlementarisme. D’autant plus avec les coups de force successifs du président. Aucun sauveur ne réglera tous les problèmes. Il faut donc rompre avec cette logique qui fait qu’aujourd’hui personne n’est capable de trouver des solutions, puisque tous se demandent s’ils ne sont pas la solution en 2027.
Qu’avez-vous à proposer aux personnes qui manifesteront leur colère le 10 septembre et dans les mobilisations syndicales ?
Nous devons changer de posture pour tenir compte du niveau de défiance du monde politique. Il faut d’abord écouter pour construire des propositions avec eux. Il y a une alternative au macronisme. Nous savons faire autrement pour trouver des recettes ou réindustrialiser le pays. Il faut répéter qu’avec nous, ce ne sont pas toujours les gros qui gagnent.
– (Contre-Attaque)
Il faut sauver le soldat Macron : la gauche molle au secours de la droite dure
Alors que Macron est le président le plus détesté de la Cinquième République, à la tête d’un gouvernement en plein naufrage, et à la veille d’un mouvement social qui pourrait être historique, le Parti Socialiste et les Verts ont décidé de lancer un concours étonnant : qui sera le paillasson le plus docile pour obtenir un poste de ministre ?
Alors que la chute de François Bayrou semble inéluctable, et que la seule position décente serait d’exiger la démission de Macron, les responsables socialistes et écologistes se précipitent sur les plateaux télé et aux portes des palais du pouvoir pour quémander une place au milieu des dorures.
Olivier Faure déclare le 2 septembre sur LCI : « Je suis à la disposition, évidemment, du chef de l’État, à tout moment, pour discuter des conditions dans lesquelles nous pourrions occuper les places gouvernementales ». Il ajoute : « J’ai dit à tous mes camarades : si l’un d’entre vous a son téléphone qui sonne et que c’est le président de la République, d’abord il décroche, et si le président lui propose d’être Premier ministre, il répond oui ». Bon chien. Olivier Faure serait même en « échange en direct avec Emmanuel Macron » selon Le Parisien, et se voit déjà à Matignon. Le PS n’a eu de cesse de cogner de toutes ses forces sur la France Insoumise pour son soutien à la Palestine, mais se transforme instantanément en caniche docile de Macron s’il peut gratter des places.
François Hollande, fléau politique absolu, sort de son bocal de formol pour réclamer un « compromis » avec Macron (...)
Raphaël Glucksmann écume les médias pour répéter qu’il ne s’alliera jamais avec LFI, même pour barrer la route au RN, et appelle à travailler avec les macronistes. Il préfère donc l’extrême droite à la gauche, et ne le cache même plus. (...)
De leur côté, les Écologistes sont en train d’organiser une coalition de gauche sans LFI « pour préparer l’après-Bayrou ». « Face à l’urgence sociale et écologique, Les Écologistes et plusieurs partis de gauche dévoilent des mesures concrètes pour un possible gouvernement, malgré l’absence de La France insoumise » écrit Le Monde ce 5 septembre. (...)
l’hebdomadaire Le Point fait fuiter des pseudo-révélations venues du camp présidentiel. On peut y lire que Macron aurait déclaré : « Le PS est la clé » dans un article titré : « Emmanuel Macron prépare-t-il un virage à gauche ? » Après 8 ans à gouverner à l’extrême droite, c’est tout à fait crédible… Dans cet article on lit que « le président a enjoint à ses convives de travailler avec les socialistes ». Dans un second article, Le Point publie que « la gauche (et notamment le PS) n’a jamais semblé aussi proche de revenir aux affaires. » Et ajoute que Macron « ne ferme pas la porte à un accord avec le PS sous la forme d’un soutien au gouvernement ».
Finalement, tout cela semble assez logique. C’est un simple renvoi d’ascenseur, puisque le PS ne s’est jamais opposé à Macron, qui est une créature issue de ses rangs, et a apporté son soutien au gouvernement Bayrou. Ce qui a notamment permis à un néofasciste comme Bruno Retailleau d’être propulsé à la tête de la police, et de faire cracher du sang à la population.
Clou du spectacle, Les Républicains disent qu’ils ne censureront « ni un gouvernement PS, ni un gouvernement RN » pour éviter « une instabilité catastrophique », selon les mots de Laurent Wauquiez, élu d’extrême droite accusé de détournement de fonds. (...)
– (L’insoumission)
Alliance PS-Macron : décryptage du contre-budget socialiste
Alors que la rentrée scolaire prend à la gorge les familles et que le 10 septembre se rapproche, que fait le Parti socialiste ? Sur les plateaux de télévision, son Premier secrétaire multiplie les mains tendues à Emmanuel Macron pour parachever la mue du Parti socialiste en parti macroniste. « Je suis à la disposition du chef de l’État à tout moment pour discuter des conditions dans lesquelles nous pourrions occuper les places gouvernementales qui sont occupées par la majorité relative de Bayrou », a déclaré Olivier Faure mardi 2 septembre sur le plateau de LCI. Après avoir permis à Bayrou de gouverner en refusant la censure, le PS passe à l’étape suivante : l’alliance avec le socle commun. (...)
Un budget de renoncement fiscal : les ultras-riches peuvent dormir sur leurs deux oreilles
À l’Assemblée nationale, les insoumis et les forces du NFP avaient su trouver des majorités pour dégager 75 milliards d’euros pour dégager de recettes nouvelles. L’objectif stratégique était de montrer que l’argent existe pour passer en dessous la barre des 3 % du déficit, critère si cher à l’Union européenne. Un pari gagné, avant qu’un énième 49.3 fasse fi de tous les amendements votés par la représentation nationale.
Pourtant, dans son contre-budget, le Parti socialiste divise par trois les 75 milliards d’euros trouvés à force de combats dans l’hémicycle. Dans son contre-budget, le PS propose 26,9 milliards d’euros de recettes. L’impôt sur la fortune renforcé et écologique, pierre angulaire du programme du NFP sur lequel le PS s’était engagé, a été jeté purement et simplement à la poubelle. Les très grands héritiers sont aussi réhabilités par le Parti socialiste qui prévoit de les mettre à contribution par une « participation exceptionnelle » à hauteur de… 1 %. Terminé la mise en place d’un héritage maximal comme le prévoyait le programme du NFP. (...)
Un autre renoncement saute aux yeux. Le PS prévoit de récupérer seulement 3,2 milliards d’euros sur la fraude fiscale alors que celle-ci coûte 100 milliards d’euros chaque année au pays. Les 97 % d’évasion fiscale restantes sont délibérément protégés, et aucun moyen supplémentaire n’est prévu pour la DGFIP, la direction générale des Finances publiques, qui permettrait d’aller chercher l’argent où il se trouve, si tant est qu’on lui donne les moyens de le faire.
Après les ultra-riches, les grands héritiers, le PS a aussi pensé à cajoler les grandes entreprises. Leurs cadeaux fiscaux sont laissés intacts. Alors que les exonérations de cotisation ont augmenté de 54 milliards d’euros depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, le PS propose de revenir sur seulement 2,9 milliards d’euros. 95 % des exonérations de cotisation imposées par Macron, faisant du PS un parti à 95 % macroniste pur jus.
Un budget de renoncement social : le PS s’initie au racket macroniste
Dans leur document, on peut lire que 5,4 milliards d’euros de coupes budgétaires sont prévus sur le fonctionnement de l’État en ponctionnant des agences, comme celles de l’Office Français de la Biodiversité (OFB). Mieux encore : le PS reprend mot pour mot une proposition défendue par Bayrou consistant à vendre à la découpe du patrimoine de l’État pour rembourser la dette.
Quant à la Sécurité sociale, le PS prévoit de remettre en cause la pertinence de certaines prescriptions de soin réalisées par des médecins, et donc de réduire les remboursements de dépenses de santé. La réforme des retraites continuera à s’appliquer. Pas d’abrogation à l’horizon, mais une simple suspension pour un retour à terme à 62 ans. En quelques mois, le PS a enterré l’objectif d’abrogation pour lequel il s’était pourtant engagé dans le programme du NFP. Combien de mois faudra-t-il pour que la suspension proposée soit elle aussi passée à la trappe ?
Fonctionnaires, retraités et étudiants sont eux aussi dans le viseur du PS. Contrairement aux engagement du parti à la rose dans le programme du NFP, rien n’est prévu pour dégeler le point d’indice des fonctionnaires et l’augmenter de 10%. Rien n’est non plus prévu pour augmenter les pensions minimales de retraites au niveau du SMIC pour une carrière pleine, et rien n’est prévu pour l’allocation d’autonomie, permettant aux étudiants de se concentrer sur leurs études. (...)