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le Monde
Le stylo, symbole d’une écriture en voie de disparition
Article mis en ligne le 9 septembre 2019
dernière modification le 8 septembre 2019

Oubliés les pleins et les déliés ? Alors que l’expression manuscrite se fait de plus en plus rare au profit de la dactylographie, la pratique de l’écriture cursive reste essentielle pour le bon fonctionnement des méninges.

Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez écrit à la main, où vous avez saisi un stylo et noirci une feuille de papier ? « Quelle drôle de question ! », se serait exclamé votre interlocuteur, au siècle dernier. Désormais, le silence se fait. Puis l’effort de mémoire. « Ah si, je sais ! J’ai laissé un mémo sur le frigo, samedi, pour les courses… »

Pas de doute, l’écriture manuscrite figure sur la liste « Tout se perd » ­tenue par les nostalgiques de l’ère prénumérique. Que reste-t-il, dans nos vies d’adultes, de cette pratique ancestrale ? La signature, éventuellement précédée d’un « Lu et approuvé », le formulaire administratif, les dix interminables lignes à recopier pour se porter caution, l’adresse sur l’enveloppe, la somme en lettres sur le chèque, l’info vite notée, au téléphone. Et le mot d’excuse sur le carnet de correspondance, rare occasion, pour un parent, d’exhiber ses compétences en graphie fine.

Les lettres, les cartes ? Remplacées par des prospectus au fond des boîtes, elles ne représentent plus que 4 % de l’activité postale. (...)

La réunion au bureau ? S’y présenter sans ordinateur ni tablette, simple carnet en main, c’est passer pour un rétrograde dilettante, peu pressé d’agir et de communiquer. (..)

« Nous continuons d’écrire beaucoup, mais différemment, sur outils numériques. Désormais, l’écriture la plus ­répandue est dactylographique », pose Jean-Luc Velay, chercheur CNRS au laboratoire de neurosciences cognitives de l’université d’Aix-Marseille. Le clavier évince papier et stylo, qui « semblent incompatibles avec les nouvelles dimensions spatiale et temporelle de la communication écrite », poursuit-il. « Nous écrivons souvent simultanément à plusieurs personnes dans le but d’acheminer un message très rapidement. »

Evidemment, les plus jeunes sont d’emblée pointés du stylo. Pour eux dont les doigts, la voix, sont devenus commandes numériques, l’écriture manuelle n’est plus qu’attendrissant vestige d’une époque révolue. Dans les chambres d’enfants, l’on ne piétine plus ni crayons, ni feutres, ni pastels. Les petits carnets, les journaux intimes se font plus rares dans les grottes adolescentes. « Mon neveu de 16 ans ne sait pas envoyer une lettre. Où noter l’adresse sur l’enveloppe, où coller le timbre ? Lors d’une commande sur Internet, il a indiqué son mail comme adresse de livraison », s’affole ­Vanessa Mahabo, 30 ans, auteure du blog « N’oublie pas d’écrire », qui tisse des correspondances entre particuliers.